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Le harcèlement scolaire expliqué aux enfants avec deux pommes

Stagiaire Le Vif

Insultes, humiliations, surnoms ridicules, moqueries… Dès l’école primaire, les enfants sont capables des pires cruautés sans parfois réaliser les dégâts qu’elles peuvent occasionner. Véritable phénomène de société, le harcèlement scolaire prend de plus en plus d’ampleur. Une institutrice a eu l’idée d’illustrer son impact à l’aide de deux pommes.

Des campagnes contre le harcèlement, des journées de sensibilisation, des courts-métrages à destination des écoles, le harcèlement en milieu scolaire fait l’objet de nombreuses initiatives qui restent parfois sans résultats. Une institutrice anglaise, Rosie Dutton, a montré aux enfants de sa classe, d’une manière très simple, quelles pouvaient être les conséquences de ces moqueries et insultes.

Avant sa leçon, l’institutrice de Staffordshire a laissé tomber plusieurs fois une des deux pommes, faisant des dégâts dans sa chair, mais la laissant intacte de l’extérieur. En classe, elle demande aux enfants de comparer les deux pommes, ils constatent qu’elles sont exactement les mêmes, toutes les deux rouges et de taille similaire.

« J’ai pris la pomme que j’avais fait tomber à plusieurs reprises et j’ai dit aux enfants tout mon dégoût de cette pomme, je la trouvais moche, d’une couleur repoussante. Je leur ai dit que parce que je ne l’aimais pas, je ne voulais pas qu’ils l’aiment aussi. » Les enfants ont ensuite été invités à insulter la pomme. « Certains enfants m’ont regardé comme si j’étais folle. » Mais les enfants se sont exécutés, insultant la pomme à coup de « tu es une pomme dégoutante », « je ne sais même pas pourquoi tu existes », « tu as probablement des vers en toi »,…

L’institutrice prend alors l’autre pomme en leur demandant de lui dire des mots doux. Les enfants prennent la pomme dans leur main et lui font des compliments, « tu as l’air délicieuse », « tu es une pomme magnifique », « quelle jolie couleur ». Une seule petite fille a refusé d’insulter la pomme alors que ses camarades s’y prêtaient au jeu. La force du collectif.

« Ensuite j’ai demandé une nouvelle fois aux enfants si les pommes étaient toujours les mêmes. Ils ont répondu qu’elles étaient identiques, toutes les deux rouges et de taille similaire. J’ai coupé les deux pommes en deux, la pomme que nous avions couverte de compliments était fraiche et juteuse. L’autre pomme que nous avions brimée était abimée dans sa chair ». A ce moment-là, les enfants ont compris. « Ils ont vraiment compris ce qu’il se passait. Quand quelqu’un nous attaque, même si nous restons impassibles en apparence, les insultes et les humiliations font de graves dégâts. »

Quand des personnes sont harcelées, spécialement des enfants, ils se sentent tristes et mal dans leurs peaux, mais ils ne disent rien de ce qui se passe aux autres. « Si je n’avais pas coupé les pommes en deux, nous n’aurions jamais pu savoir combien de peine nous avons causée. » explique l’institutrice. « La langue n’a pas d’os, mais elle est assez forte pour briser un coeur. Donc soyez prudent avec vos mots » conclut la maitresse.

Le post a été partagé 200 000 fois sur Facebook. Son succès réside dans sa nouvelle façon d’illustrer le harcèlement scolaire, une problématique parfois difficile à aborder avec les enfants. Cette histoire rappelle que c’est aux adultes d’éduquer les enfants et de les prévenir que de tels actes sont nocifs. Etre là pour les victimes du harcèlement, détecter leur mal-être, mais aussi punir les harceleurs. Puisque chaque enfant peut être un harcelé ou un harceleur.

En 2015,une étude réalisée par le Comité des élèves francophones (CEF) dans plusieurs écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dévoile en effet des chiffres plus qu’inquiétants : 95% des élèves ont déjà été témoins de moqueries. Ils ajoutent parfois en commentaire « ce n’est pas méchant », « c’était pour rire », ou encore « il y en a partout. ».

L’étude souligne également que peu de gens sont formés afin de réagir face à un cas de harcèlement. Souvent, les faits de harcèlement se déroulent à l’école (dans 97% des cas), principalement dans la cour de récré, parfois en classe et même en présence d’un ou plusieurs adultes, mais aussi sur les réseaux sociaux et sur le chemin de l’école.

La plupart des enfants harcelés n’en parlent pas. Quand ils le font, c’est surtout aux amis et à la famille. Le personnel enseignant est très peu concerné. Les commentaires des élèves les plus récurrents mis en avant dans l’étude sont d’ailleurs « ils ne font rien », « ils ne réagissent pas », » ils ne voient rien ». Le terme « Ils » qui désigne souvent les professeurs et les éducateurs. La communication reste le meilleur moyen de lutter contre le harcèlement scolaire.

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