Le ministre wallon de l'Energie, Paul Furlan. © Belga

Le gouvernement wallon freine l’énergie renouvelable

Le gouvernement wallon PS-cdH a donné un coup de frein aux objectifs jugés trop ambitieux de son prédécesseur PS-Ecolo-cdH en matière d’énergies renouvelables.

Il a repoussé de six ans l’objectif d’électricité « verte » et de dix ans le seuil d’énergie renouvelable à atteindre. Le tout en restant, selon lui, dans les balises du paquet énergie-climat de l’Union européenne. L’objectif premier est la maîtrise des coûts.

Ainsi, les 8.000 gigawatts-heure (GWh) d’électricité verte que le gouvernement précédent ambitionnait pour 2020 ne seraient plus atteints qu’en 2026, aux termes d’un accord intervenu jeudi dernier au gouvernement, fondé sur l’actualisation d’une étude de 2010 (Cap Gemini). Toutefois, ce calcul ne prend pas en compte la production d’éolien offshore, que les entités du pays doivent encore se répartir et qui pourrait donc raccourcir cet agenda.

Les objectifs européens imposent pour 2020 à la Belgique de produire 13% de son énergie à partir de sources renouvelables (électricité – offshore comprise -, thermique et transport), dans sa consommation finale brute. Mais la répartition de l’effort à fournir entre le fédéral et les Régions est en débat depuis 2010.

La Wallonie est la première sous cette mandature à sortir ses chiffres: ce sera aussi 13%, mais hors éolien offshore. Les 20% ne seraient atteints qu’en 2030 (soit 10 ans plus tard que l’objectif du gouvernement Olivier), un chiffre fondé sur l’estimation – non encore aboutie – de la répartition entre Etats-membres de l’effort de 27% décidé pour l’ensemble de l’UE il y a quelques mois.

En 2014, ce taux était de 10,11% en Wallonie. Les 13% de 2020 sont donc accessibles, a jugé mercredi le ministre wallon de l’Energie Paul Furlan, en présentant ces chiffres à la presse. Cette sortie est de nature à mettre la pression sur la Flandre et le fédéral dans le cadre des négociations intra-belges, sachant que Bruxelles est l’entité la moins susceptible de fournir les plus gros efforts et devrait donc bénéficier davantage de l’offshore.

M. Furlan fait valoir un coût sociétal supportable tout en respectant l’objectif européen. Selon son cabinet, l’objectif de 8.000 GWh d’électricité verte en 2020 aurait en effet généré un coût de 130 euros par ménage via les répercussions des certificats verts (C.V.) L’adoucissement de la trajectoire pourrait réduire ce coût de 70 euros à l’horizon 2026, avec un C.V. maintenu à 65 euros au lieu de 100 euros.

Outre l’aspect pécuniaire, la trajectoire du gouvernement Olivier souffrait du déséquilibre entre la production attendue et le quota d’électricité verte: à peine 50.000 C.V. ont été réservés en 2014 sur une enveloppe projetée de 284.000, résultat notamment des balbutiements de la politique énergétique du gouvernement Olivier (éoliennes, photovoltaïque).

Le projet d’arrêté Furlan prévoit d’ailleurs des balises pour éviter la constitution de « bulles » financières mettant en péril le système, grâce à une perméabilité du nombre de C.V. autorisés entre filières et par-delà une année.

Le gouvernement a aussi fixé les quotas de C.V. que les fournisseurs d’électricités reverseront à la Commission wallonne de l’énergie (CWaPE). Si ce quota n’est pas atteint, le fournisseur sera mis à l’amende. Et en cas d’échec persistant des négociations intra-belges sur le partage de la charge et du montant des enchères de quotas de CO2 (« burden sharing »), l’exécutif s’est réservé une porte de sortie: si ces négociations ne permettent pas d’assurer des recettes d’un niveau comparable au niveau de soutien global (incluant le coût d’adaptation des réseaux), les enveloppes et quotas pourront être ramenés à l’objectif proposé initialement par le consultant, à savoir 12,5% d’énergies renouvelables en 2020 et 19% en 2030. Le projet doit encore faire l’objet de consultations avec les acteurs du secteur, dont les gestionnaires de réseaux.

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