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Le cdH quitte les Gouvernements wallon et bruxellois : « le politique doit servir et non se servir »

Le cdH appelle « le MR, Ecolo, Défi et tous ceux qui partagent (ses) constats à former de nouvelles majorités positives en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles », a annoncé lundi lors d’une conférence de presse le président du parti Benoît Lutgen, en présence de l’ensemble des ténors humanistes.

M. Lutgen s’est dit « comme les citoyens, dégouté par les affaires à rebondissements qui ont rythmé les derniers mois ».

Ciblant directement le PS, le président du cdH a dénoncé une « cupidité qui a dépassé tout entendement », une « conscience sociale emportée par l’appât du gain ».

« Notre génération a le devoir de changer la société », a-t-il poursuivi. « Notre travail et nos engagements pour plus de prospérité pour les Wallons et Bruxellois ne peuvent plus être freinés. »

Même s’il reconnaît qu’il « serait trop facile de dire que le PS détient le monopole des affaires », Benoît Lutgen estime que le parti, « après 30 ans de pouvoir ininterrompu, porte une responsabilité écrasante dans l’ampleur et la répétition des scandales ».

« La rupture est nécessaire », a-t-il tranché, avant de lancer un appel solennel aux partis qui « partagent les constats » du cdH à former de nouvelles majorités. Cette démarche radicale est jugée inévitable pour permettre aux francophones de « retrouver la prospérité, la bonne gouvernance, l’efficacité ». « Ce n’est pas un risque que je vous propose, c’est un espoir. »

M. Lutgen a aussi plaidé pour une « réduction drastique des outils et organismes publics ».

« Nous ne souhaitons pas quitter les gouvernements au sein desquels nous nous trouvons, mais nous souhaitons un autre partenaire », a précisé après la conférence le vice-président du gouvernement wallon, Maxime Prévot, qui reste pour l’instant ministre. « Nous ne continuerons pas avec le PS. Il n’est plus possible de travailler avec lui de manière sereine. Il est temps de lancer une nouvelle donne politique plus moderne, plus volontariste », a-t-il ajouté.

« Le politique doit servir et non se servir », a conclu Benoît Lutgen.

L’annonce-surprise ouvre théoriquement une période de négociations entre les partis francophones. Reste à savoir qui prendra la main. Les gouvernements des entités fédérées ne peuvent pas tomber. C’est donc un nouvel accord de gouvernement, issu des négociations encore à mener, qui entérinera la recomposition gouvernementale.

En Wallonie et en Fédération, le cdH est en coalition avec le seul PS. A Bruxelles, il l’est en plus avec DéFI et, côté flamand, l’Open Vld, le sp.a et le CD&V.

En Wallonie, la majorité est à 38 sièges, ce qui signifie – si le PS (30 sièges) devait en être exclu – qu’il faut au moins réunir MR et cdH (38 sièges tout juste), voire un troisième parti pour une majorité plus confortable (Ecolo est à 4 sièges, le PTB à 2).

En Fédération, la majorité est à 48 sièges. MR et cdH seuls sont donc insuffisants (30 + 16). Ecolo a 6 sièges, DéFI 3 et le PTB 2.

Si le PS reste au gouvernement wallon et en Fédération sans le cdH, il devra nécessairement s’allier au MR.

A Bruxelles, remplacer les socialistes par les réformateurs pourrait maintenir le reste de la coalition: le PS ayant 22 sièges, les 17 sièges du MR seraient suffisants. Une majorité PS-MR avec les seuls partis flamands de la coalition est aussi envisageable mathématiquement.

Dans une première réaction, le président du MR Olivier Chastel s’est déjà dit disposé à négocier.

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