Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond © KAAT PYPE

Le berceau de la pensée de Bart De Wever

Walter Pauli
Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Catholique et nationaliste, le cercle étudiant Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond a formé nombre de leaders politiques flamands. Les derniers en date dirigent aujourd’hui la N-VA, Bart De Wever, Liesbeth Homans ou Jan Jambon.

À la fin du XIXe siècle, la tension entre étudiants francophones et flamands est vive. En 1888, elle aboutit à la création d’un journal d’étudiants flamingants, Ons Leven. La rédaction adhérera en 1902 au Vlaams Verbond, l’organisation faîtière rassemblant les étudiants flamands à Louvain. Un an plus tard, le leader catholique flamand Frans Van Cauwelaert (1880-1961) crée l’Algemeen Katholiek Vlaams Studentenverbond pour tous les écoliers et étudiants flamands. Lorsque cette association est contrainte de restreindre son rayon d’action aux universités, elle adopte le qualificatif un peu solennel de « hoogstudent » (« étudiant supérieur ») et devient le Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond (KVHV) encore en usage aujourd’hui..

Dès les années 1920, les étudiants flamingants du KVHV avaient perdu nombre de leurs illusions à l’égard de l’État belge. Au début des années 1930, les idées d’une « Revolution von Rechts » (« révolution de droite »), venues d’Allemagne, touchent le monde des étudiants flamands. Dans la deuxième moitié de la décennie, cette idéologie contribue à rapprocher les nationalistes flamands conservateurs et les catholiques flamingants. Lorsqu’une section du KVHV est créée à Gand en 1938, l’association adopte une nouvelle devise : « God ter ere et Vlaanderen ten bate ! » (« En l’honneur de Dieu et au profit de la Flandre ! »). L’objectif est toujours « l’émancipation flamande » mais aussi la formation d’une « coalition anticommuniste de catholiques ».

Après la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle le KVHV reste à l’écart de la collaboration, la revendication de l’émancipation flamande est explicitement inscrite dans un contexte belge. La force d’attraction du KVHV est illustrée par la fameuse photo de sa direction lors de l’année académique 1959-1960 : Wilfried Martens en tant que président et, derrière lui, la fine fleur de ce qui constituera plus tard l’élite flamande. Le mouvement étudiant est alors le terrain de recrutement rêvé pour la politique. Mais au cours des années 1970 et 1980, il ne donne plus l’impression d’unir « les » étudiants. En cause aussi, le fait que les nouveaux leaders étudiants, clairement de gauche, s’appuient sur les cercles des facultés, de plus en plus populaires.

Lors de l’année académique 1991-1992, Koen Kennis, aujourd’hui premier échevin N-VA à Anvers, rédige en tant que président du KVHV de Louvain l’éditorial de Ons Leven, sous le titre « La politique de partis : bien peu pour nous » . À la page suivante, on retrouve la première expérience rédactionnelle d’un nouveau rédacteur : Bart De Wever. Le titre : « Entretien avec Hugo Schiltz. » Du début à la fin, l’article parle de … la politique des partis. Aujourd’hui encore, il est fascinant de lire comment le futur président de la N-VA réclame de l’ancienne icône de la Volksunie de rendre des comptes, avec des questions qui peuvent être plus longues que les réponses.

Le futur président de la N-VA fustige le mouvement étudiant classique dès 1992-1993, dans sa première préface en tant que rédacteur en chef : « N’est-il pas ridicule de descendre dans la rue pour dénoncer des augmentations minimes de minerval et les prix pratiqués par les restaurants universitaires ? » Sa vision globale des structures du pouvoir louvaniste porte déjà en son sein les germes de son analyse ultérieure de la construction belge : les organisations étudiantes louvanistes officielles constituaient à ses yeux une « dictature rouge », dominée par des dirigeants de gauche qui n’avaient plus grand-chose à voir avec les véritables préoccupations des étudiants.

Dans un autre article, Bart De Wever s’emballe en raison du fait que le KVHV (« une organisation catholique flamande honnête ») ait du mal à maintenir ses finances en équilibre, alors que, « situation absurde, l’université catholique accorde des subsides à des associations telles que le Roze Drempel (NDLR : le « Seuil Rose », l’association pour la défense des étudiants homosexuels). Déjà, le jeune militant conclut son intervention en latin : « O quae mutatio rerum » (« Ô, comme les choses peuvent changer. »)

Le récit intégral dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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