Ettore Rizza

Laurent, prince « sans moyens »

Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Alors que la princesse Astrid se dit prête à accepter « toute décision du Parlement ou du gouvernement » concernant sa dotation, son frère cadet semble rechigner. Normal ?

Quelle carrière professionnelle aurait bien pu embrasser le prince Laurent s’il n’était fils de roi ? Sans doute pas celles d’avocat ni de tribun. On est toujours surpris, et parfois touchés, de la maladresse avec laquelle il s’exprime. Surtout lorsque le sujet l’afflige. Par exemple, les déclarations de sa soeur Astrid. Vendredi, celle-ci aurait confié à un journaliste flamand de VTM qu’elle est prête à accepter toute décision officielle concernant sa dotation annuelle de 320 000 euros, ainsi que davantage de transparence dans l’utilisation de celle-ci.

En a-t-elle d’ailleurs besoin ? Epouse du riche archiduc Lorenz d’Autriche-Este, banquier florissant de son état, Astrid ne connaîtra sans doute jamais de fins de mois difficiles, dotation ou pas.

Toute autre est la situation de son frère cadet. Qui ne s’en cache d’ailleurs pas. Interrogé par Sud Presse sur les propos d’Astrid, le prince Laurent aurait répondu : « Si ma soeur peut se le permettre, je suis ravi pour elle. Vous savez, moi, je ne suis pas de ces personnes qui jalousent ceux qui ont les moyens. » Et pan.

Deux choses au moins transpirent de cette déclaration, qui selon les propres mots du Prince « résume tout » : 1° Laurent n’acceptera pas si facilement de voir sa dotation remise en question ; 2° contrairement à sa soeur, lui n’a pas « les moyens ».

Mais les moyens de quoi ? Pour l’heure, Laurent vit de la dotation qui lui est octroyée depuis juillet 2001, un an après celle de sa soeur aînée. Cette dotation s’élève aujourd’hui à 307 000 euros par an, soit 25 583 euros par mois. Pratiquement le salaire du président des Etats-Unis. A cela s’ajoute la jouissance de la villa Clémentine de Tervuren, propriété de la Donation royale et donc de l’Etat. On a déjà vu situation plus précaire…

Pour qui dispose de tant d’avantages, en échange de contreparties si légères, jouer les miséreux a quelque chose d’impudent, voire d’insultant.

On pourrait rétorquer que cette dotation compense un préjudice, celui de ne pas pouvoir travailler comme le commun des mortels. Mais rappelons à ce propos que jamais, au cours de l’histoire de Belgique, tant d’argent public n’a été octroyé aux enfants d’un souverain, prince héritier excepté.

Pendant toute leur enfance, leur adolescence et une bonne partie de leur âge adulte, Laurent comme Astrid ont vécu dans l’idée qu’ils devraient se débrouiller par leurs propres ressources. Et celles de leur famille bien sûr, qui sont considérables. Dans leur cas, l’argument selon lequel ils ne sauraient vivre sans aide ne tient pas, pas plus que celui voulant que l’on « ne change pas les règles en cours de jeu ». Ce qui ne veut pas dire que les règles doivent être changées impérativement ; juste qu’elles ne sont pas gravées dans le marbre.

La princesse Astrid semble en être consciente. Peut-être le prince Laurent serait-il bien avisé de suivre son exemple.

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