« La Wallonie est dans de mauvais draps »

« Les actions dans le sud du pays nuisent surtout à la société wallonne », écrit notre confrère de Knack Ewald Pironet. « Entre-temps, on travaille en Flandre. Le nord et le sud s’éloignent encore plus. Sur le plan socio-économico-financier, nous sommes déjà une confédération. »

La semaine dernière, la nouvelle a fait la une du monde entier: la naissance d’un bébé panda au parc animalier Pairi Daiza à Brugelette. Rik Torfs, le recteur de la KU Leuven a réagi à l’annonce sur Twitter : « Enfin un signe de redressement économique en Wallonie ». Il a récolté une tempête de réactions furieuses, dont le commentaire de Jean-Claude Marcourt, vice-président du gouvernement wallon : « La vulgarité n’appelle que l’indifférence. » Oh oui, et le bébé panda va bien : c’est un petit mâle, il boit tout seul et aux dernières nouvelles, il pèse 181 grammes, 10 grammes de plus que son poids de naissance.

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Ces derniers jours, il y a eu beaucoup de bonnes nouvelles au sujet de notre économie. Depuis l’entrée en fonction du gouvernement Michel, près de 65 000 emplois ont été créés et surtout dans le secteur privé où l’on compte 40 000 postes supplémentaires. Cette donnée confirme un changement de tendance déjà signalé par Knack en février. La Banque Nationale prévoit encore 140 000 emplois supplémentaires d’ici 2018. En plus, le Belge moyen a vu son pouvoir d’achat augmenter de près d’un pour cent en deux ans. Et l’export aussi a le vent en poupe.

Toutes ces bonnes nouvelles sont dues à une combinaison de facteurs, tels que la croissance économique (même si elle est faible), le prix faible du pétrole, les taux d’intérêt bas, l’euro bas et la politique du gouvernement Michel. Celle-ci a entraîné une modération des coûts salariaux grâce au saut d’index et une baisse de l’impôt sur les personnes grâce au tax shift – le glissement des charges sur le travail vers la consommation, la pollution et la fortune.

Il y avait longtemps qu’on avait encore entendu autant de bonnes nouvelles au sujet de notre économie. Aussi est-il étonnant qu’il y ait autant d’actions sociales. Celles-ci ont surtout lieu en Wallonie. Alors que la grève des chemins de fer a totalement paralysé la circulation des trains au sud du pays, au nord les trains roulaient pratiquement normalement. Bien entendu, la résistance francophone est due au fait que dans de grandes parties de Wallonie, le soutien à l’égard du gouvernement Michel est pratiquement inexistant. Dans certains cantons, le seul parti du gouvernement francophone, le MR, n’atteint pas 15% des voix.

La Grèce

Il faut tenir compte aussi de la réalité socio-économico-financière du sud du pays. L’année passée, le taux de chômage en Région flamande était de 5% en moyenne, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles, respectivement 12 et 17% de la population active âgée de 15 à 64 ans n’avait pas d’emploi. Et alors que les offres d’emploi reçues en 2014 et 2015 par les services régionaux de placement ont augmenté en Flandre et à Bruxelles, elles ont reculé en Wallonie. Il n’y a pas d’amélioration en vue au sud de la frontière linguistique.

Et les finances publiques wallonnes s’enfoncent de plus en plus. Cette année, le budget wallon se dirige vers un déficit de 375 millions d’euros, les conséquences financières de la sixième réforme de l’état risquent d’étrangler les Wallons. Jules Gazon, professeur émérite à l’Université de Liège, a calculé récemment que sans solidarité de la Flandre, une Wallonie autonome se retrouverait avec un déficit budgétaire de plus de 11 milliards, soit un bon 12% du PIB. « Une situation explosive », estime Gazon. « Le hasard veut que le déficit budgétaire d’une Wallonie indépendante soit comparable à celui de la Grèce quand la crise de l’euro a éclaté en 2009. »

La Wallonie est dans de mauvais draps. Les francophones peuvent en faire grief à leurs politiciens.

La Wallonie est dans de mauvais draps. Elle a trop longtemps fait traîner les réformes qui entraîneraient plus de prospérité au sein d’une économie mondiale qui évolue rapidement. Les francophones peuvent en faire le grief à leurs politiciens. Pour eux, les intérêts personnels primaient souvent sur l’intérêt général. Une société appauvrie a toujours été un terrain fécond pour les révoltes et les partis extrémistes. Et c’est également le cas en Wallonie. Curieusement, les manifestations dans les rues, alimentées par les politiciens qui ont entraîné les Wallons dans la situation pénible actuelle, ne réclament pas plus d’emploi. Non, les manifestants préfèrent se battre pour maintenir leurs acquis et combattre le gouvernement de centre droit de Michel, complimenté par la Banque Nationale pour avoir créé de l’emploi.

« Les Wallons ne sont pas assez ambitieux », a déclaré Eric Domb, le propriétaire de Pairi Daiza, il y a quelques semaines à Knack. C’est prouvé un peu plus chaque jour que se poursuivent les actions au sud du pays. Ces protestations portent d’abord préjudice à la société wallonne : des trains qui ne roulent pas pendant une semaine font un tort irrévocable à la vie d’entreprise. Entre-temps, en Flandre on travaille. Les manifestations éloignent encore un peu plus le nord et le sud. Sur le plan socio-économico-financier, nous sommes déjà une confédération.

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