La ministre de la Mobilité Jacqueline Galant © Belga

La vision de Galant pour pérenniser le rail et « remettre de l’ordre dans la boutique »

La ministre fédérale de la Mobilité, Jacqueline Galant, a détaillé mercredi à la Chambre le contenu de sa vision stratégique pour le rail, adoptée vendredi dernier par le gouvernement.

Cette vision stratégique doit permettre « d’assurer la pérennité des chemins de fer » et de « remettre de l’ordre dans la boutique », a déclaré la ministre devant les membres de la commission Infrastructure.

Cette vision stratégique 2015-2019, qui doit « placer les chemins de fer belges sur la route de la modernité au coeur même de l’intermodalité », tourne autour de trois axes, a rappelé Mme Galant: le client, le personnel des chemins de fer et le contribuable. Le document prévoit notamment une augmentation de 160.000 places assises dans les trains d’ici 2030, une amélioration de la ponctualité, de la communication, de la propreté et de la vitesse commerciale ou l’installation de connexions wi-fi dans les trains, avec comme « fil rouge », le « renforcement de la sécurité » et ce, dans un contexte budgétaire étriqué. Les chemins de fer belges doivent faire face à une dette de plus de 4 milliards d’euros, qui a augmenté de plus de 200 millions d’euros par an entre 2005 et 2014, et le gouvernement fédéral a décidé de réduire la dotation de la SNCB et d’Infrabel.

Plusieurs mesures allant de la standardisation du matériel roulant à une flexibilité accrue, en passant par une meilleure informatisation, devront en outre permettre une augmentation de la productivité du rail de 4% par an pendant cinq ans. La productivité au sein de la SNCB et d’Infrabel est de 20 à 40% inférieure par rapport aux autres opérateurs européens comparables, a souligné Jacqueline Galant. « On assistera à 35% de départs naturels dans les cinq ans à venir, c’est une opportunité pour renouveler le mode de management. »

S’agissant du personnel, la ministre a également évoqué la création d’une « académie du rail » et dit souhaiter que « le cheminot soit le moteur du changement ».

« Stop à l’ensemble des gaspillages »

Partant du constat que le rail coûte chaque année 453 euros au contribuable, Mme Galant a résolument plaidé pour « une utilisation efficace et rigoureuse » de l’argent public. « Je pourrais donner une bible des gaspillages. Je dis stop à l’ensemble de ces gaspillages. » Et la ministre d’évoquer le « by-pass » ferroviaire de Malines, qui a coûté 100 millions d’euros pour un gain de temps d’1 minute 50 secondes. « C’est le genre d’investissements que l’on ne veut plus voir. » Cette meilleure utilisation des deniers publics doit passer, selon la ministre, par « une analyse systématique coûts-bénéfices » des investissements, une remise à plat du plan pluriannuel d’investissements (PPI) 2013-2025 et son remplacement par un nouveau plan 2015-2019, ainsi que par une rationalisation des filiales de la SNCB.

Dans l’opposition, plusieurs députés ont évoqué une vision stratégique « vague » qui s’apparente davantage à une « communication stratégique ». Pour le PS, Laurent Devin a dénoncé un plan visant à masquer les économies imposées par le gouvernement et a reproché à la ministre d’être « sur le point de déclencher une guerre ferroviaire ». Marcel Cheron (Ecolo-Groen) n’a pas caché sa « déception », voire sa « désillusion ». « Cette vision est un plan de communication et de justification a posteriori des économies budgétaires », a-t-il regretté. Le député vert a aussi émis des doutes quant au réalisme de l’objectif d’une amélioration de la productivité de 20% alors que le consultant Mc Kinsey a évoqué lui-même un gain possible de 9%. Enfin, Isabelle Poncelet (cdH) a parlé d’une « vision incomplète ». « C’est comme si on avait accès à la table des matières sans avoir le livre », a-t-elle déploré.

Au sein de la majorité, le député CD&V Jef Van den Bergh a dit soutenir le plan présenté par la ministre, sans pour autant s’interdire « d’être critique, mais de manière positive ». « On a défini les lignes mais j’avais espéré, après neuf mois, que vous seriez un peu plus loin ». Dans la presse flamande, le député avait regretté un plan trop peu concret et trop peu chiffré.

De son côté, la ministre a rejeté les critiques relatives au manque de précision de son plan. « Je ne suis pas la patronne de la SNCB ni d’Infrabel. Je fixe un cadre de travail et c’est aux CEO qu’il revient de fixer le cadre opérationnel », a-t-elle affirmé.

Contenu partenaire