L'intégration du numérique dans l'enseignement se heurterait à trois obstacles majeurs : la difficulté de définir ce qu'est le "numérique", le coût du matériel et la formation des enseignants. © Getty Images/iStockphoto

La technologie dans les écoles, une habitude à prendre en Belgique

Stagiaire Le Vif

Lors de la première édition d’un colloque annuel international dédié à l’éducation et la recherche dans le numérique, Educode remet au goût du jour l’importance de l’intégration des technologies numériques à l’école.

« Comment peut-on faire face à la révolution du numérique« , s’interroge Nicolas Pettiaux, à l’origine de ce rassemblement international qui aura lieu les 27, 28 et 29 août prochains. Educode se veut le point de départ d’une réflexion plus poussée sur l’intégration des outils numériques dans les salles de classe. L’objectif : « Sensibiliser le monde enseignant tous niveaux confondus à la nécessité de développer une culture du code pour mieux préparer les jeunes aux nouveaux défis digitaux« .

Aujourd’hui, le numérique a pris une place importante dans la société moderne. Smartphones, tablettes, ordinateurs, tous ces outils apportent des changements qui s’imposent à tous. Et d’après Educode, « [ils] passent inévitablement par la transformation de l’école« .

L’idée de la création de ce colloque Educode est de démystifier le numérique. « Les enseignants ont peur du numérique et de la programmation. L’idée serait donc de leur donner un cadre rassurant« , explique Françoise Bols, mathématicienne et enseignante. Le colloque est en effet animé par des citoyens, et non des entreprises expertes dans le domaine. Un autre moyen d’approcher l’audience sans les intimider : « Il y a un aspect militant pour devancer les politiques démunis face au numérique« , ajoute Vincent Englebert, informaticien et membre du comité scientifique d’Educode.

La situation du numérique en Belgique

En Belgique, la mise en place d’un système éducatif qui utiliserait les outils numériques se fait très (trop) lentement. D’après Julie Henry, chercheuse en informatique à l’UNamur, les statistiques sont plutôt décevantes : « En 2013, 28% des professeurs disaient utiliser la technologie en classe. Et selon les derniers résultats, seuls 40% d’entre eux en font usage en 2018« . Même si la situation s’est un peu améliorée, l’évolution reste faible et n’est donc pas très encourageante.

D’autant que les usages du numérique chez ces professeurs sont souvent limités aux outils bureautiques, tels que PowerPoint ou Excel, et très peu aux logiciels de codage. « En Belgique, on a un manque de diversité à cause du manque de formation. Rien n’est imposé au niveau de la maîtrise des outils numériques« , explique encore Julie Henry. Le corps enseignant peut pourtant suivre des formations afin de combler certaines lacunes. Mais c’est loin d’être suffisant, ajoute la chercheuse. « Les professeurs savent reprendre un exercice sur le net et l’appliquer en classe, mais ils sont souvent incapables de faire une réflexion dessus« .

Trois obstacles importants

Loin d’être uniques à la Belgique, « les problèmes dont on parle sont internationaux », intervient Colin de la Higuera, membre de l’Unesco. L’intégration du numérique dans l’enseignement se heurterait à trois obstacles majeurs : la difficulté de définir ce qu’est le « numérique », le coût et la formation des enseignants.

Si l’objectif d’Educode est de « développer l’enseignement au numérique et par le numérique« , ces propos restent assez vagues d’après Colin de la Higuera. « Dans la langue francophone, on a fait du mot « numérique » un substantif – LE numérique – on s’attend donc a beaucoup de choses lorsqu’on entend ce terme« . Et pourtant, nombreux sont ceux qui confondent encore informatique et TIC (Technologies de l’Information et de la Communication).

Beaucoup d’écoles refusent de se moderniser à cause du coût du matériel, un enjeu de taille dans l’enseignement. « Quand on voit les outils modernes, on imagine que cela coûte beaucoup d’argent et pourtant, on pourrait tout aussi bien se former avec des ordinateurs de récupération« , explique le membre de l’Unesco.

Enfin, c’est le manque de formation des enseignants qui restent le problème le plus important à ce jour. Outre ce besoin d’introduire des cours dans l’apprentissage des futurs professeurs, leur volonté de s’éduquer aux outils numériques est essentielle : « il faut que l’enseignant ait envie de créer des ressources« .

Apprendre à enseigner par le numérique

Françoise Bols s’intéresse de près à cette problématique. Lors des formations qu’elle donne aux futurs professeurs de primaire et secondaire, elle met l’accent sur l’usage des outils numériques. Françoise Bols propose en effet à ses étudiants de réfléchir à des activités à faire en classe qui intègrent le numérique, et ce, dans n’importe quel domaine.

En français par exemple, un professeur pourrait demander aux élèves de construire une bande dessinée sur une tablette, en y ajoutant des photos prises avec smartphone. Dans ce cas-là, il est nécessaire d’apprendre aux enseignants à utiliser le langage spécifique aux tablettes. Autre exercice possible, enseigner la création de montage vidéo dès la primaire. À ce moment, connaître les logiciels adaptés est essentiel.

Lors de son colloque, Educode a dans l’espoir d’organiser une garderie active pour les enfants afin de permettre aux jeunes parents de venir assister aux conférences, tout en donnant l’occasion aux enfants de découvrir le numérique lors de diverses activités.

Chavagne Mailys

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