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« La situation confine pratiquement au non-droit des francophones »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Rudy Demotte, ministre-président PS de la Fédération Wallonie-Bruxelles annonce une riposte si des coupes sombres budgétaires sont imposées aux Régions et Communautés ou si les droits des francophones sont menacés.

Le Vif/L’Express : le 23 juillet, lors de votre déclaration gouvernementale, vous avez été le premier à tenir des mots très durs à l’égard de la « prise de risque du MR » au fédéral…

Rudy Demotte : La situation confine pratiquement au non-droit des francophones. Nous sommes une minorité démographique, c’est un fait. Mais nous allons en outre devenir une minorité politique pour la première fois de notre histoire. 75% des francophones ne seraient pas représentés dans la majorité fédérale ! On va me dire qu’il y a eu un précédent puisque les Flamands étaient minoritaires lors de la législature précédente, c’est vrai. Mais cela tenait à un siège au sein d’un groupe linguistique qui est lui-même majoritaire au Parlement…

Le MR joue à l’apprenti-sorcier ?

En effet. Il ouvre une boîte de Pandore, sans savoir ce qui va en sortir, au risque de ne plus pouvoir la refermer. Franchement, personne ne s’explique son geste.

Il y a une explication : la naissance rapide des majorités francophones PS-CDH (et FDF à Bruxelles) a convaincu le MR de prendre cette option au fédéral.

Je ne suis pas convaincu par cette explication. Notre cohérence institutionnelle veut que chaque gouvernement se constitue de façon autonome. Nous avons fait un choix que l’on doit assumer sans hypocrisie. Mais en quoi le fait de ne pas appartenir à un niveau de pouvoir oblige-t-il à se venger à un autre niveau de pouvoir ? On a le sentiment qu’il s’agit d’une revanche du MR, mais le prix à payer n’est pas partisan : ce coup de poker met en danger toute la francophonie.

Il y a un mariage alchimique entre la pensée nationaliste et le conservatisme de droite pour mettre en place de grandes réformes menant à moins d’Etat, à une sécurité sociale dont la portée serait réduite au profit des entreprises. Cet assèchement de l’Etat, c’est mon plus grand sujet de préoccupation !

Entre PS et MR, les liens sont-ils durablement rompus ?

Au sein même du MR, je sens qu’il y a un doute chez certains sur le prix à payer pour participer au pouvoir et c’est heureux. Les tensions sont vives, dans tous les sens, mais je suis convaincu que l’on peut reconstruire l’union francophone !

Comment ?

Par la démonstration de bonne foi. Si la famille libérale francophone n’intègre pas un besoin de dialogue avec les entités francophones pour défendre nos intérêts communs, on va tout droit dans le mur ! Si je puis leur donner un conseil, c’est de créer le plus de liens possibles.

Propos recueillis par Olivier Mouton

L’intégralité de l’interview dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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