Maurits Vande Reyde

« La religion ne mérite pas d’exception (et certainement pas dans l’enseignement) »

Maurits Vande Reyde Président de Jong VLD (jeune VLD)

La liberté de culte dans l’enseignement secondaire est et reste un monstre d’apartheid. Il est temps de se débarrasser des cours de religion, estime Maurits Vande Reyde, le président du Jong VLD.

Ces derniers jours, les mesures de l’enseignement catholique flamand ont relancé le débat sur les religions à l’école. Désormais, les autres religions auront leur place dans les écoles catholiques, même si ce sera surtout en dehors des heures de cours, de sorte que les enfants « normaux » ne soient pas trop perturbés.

Les écoles connaissent un véritable régime d’apartheid religieux

Cette ouverture en réalité fermée est caractéristique de la façon dont les jeunes apprennent à gérer les questions existentielles à l’école : chacun sa clique, chacun sa vérité, bref : un véritable régime d’apartheid religieux.

Divorce

Bizarrement, l’enseignement communautaire surpasse encore le réseau catholique en matière de ségrégation absurde. À six ans, les enfants doivent en effet décider quelle religion est la mieux adaptée à leur petite âme en friche. Ils ont le choix parmi une sélection arbitraire de religions reconnues, allant du catholicisme à l’islam, au judaïsme et même à la religion anglicane, une foi issue d’un divorce d’il y a six siècles. En revanche, on prédit la neutralité religieuse pour les symboles. Les croix, les kippas et les passoires à spaghettis sont strictement interdites. L’expression individuelle de l’identité religieuse n’est donc pas autorisée, alors que pour les cours de religion on manie des étiquettes séparées. Tout cela ne rime à rien.

Il y a beaucoup d’arguments contre cette neutralité de façade. Le coût très élevé en est un. Pour l’enseignement d’état, le salami religieux nous coûte 300 millions d’euros par an. Un montant qui permettrait de construire une bonne partie des bâtiments scolaires indispensables. Mais on préfère dépenser ces sommes à Jésus et à Jahvé.

Le véritable problème est plus profond. Les cours de religion parlent d’identité. L’enseignement a le devoir de former les élèves le mieux possible sur ce qui fait l’homme et la société d’aujourd’hui. Partir de la religion est le pire choix que l’on puisse faire. Dès le plus jeune âge, la religion devient quelque chose de spécial, de séparé et d’intouchable. Pire encore : un ordre supérieur qui deviendrait une partie irrévocable de notre identité.

Irrationalité individuelle

C’est ainsi qu’on intègre le statut exceptionnel de la religion dans l’enseignement. C’est là que réside le germe de tous les problèmes liés à la religion au sein de la société. Nous nous compliquons la tâche en ne considérant pas la religion comme l’expression légitime de l’irrationalité individuelle qu’elle devrait être.

Suite à ce privilège d’exception, la lutte contre la radicalisation par exemple est perdue d’avance. Généralement, il s’agit de lieux de culte obscurs et de ghettos impénétrables. Je peux me tromper, mais notre propre enseignement est peut-être encore le lieu le plus évident pour préciser ce qu’est la religion : un petit courant dans la grande rivière de la société, et non l’axe centrifuge des choses.

Je ne dis pas que les professeurs de religion sont des prédicateurs conservateurs. Les cours de religion ne sont pas davantage la forme cachée de catéchisme dont on les traite parfois. Pourtant, c’est une erreur d’apprendre aux enfants que ceux qui naviguent sous le drapeau de la religion peuvent toujours et partout alléguer l’exception. C’est comme si on choisissait d’aborder les cours d’histoire, de néerlandais et d’esthétique depuis une perspective matérialiste, rationnelle ou postmoderne. Ce serait évidemment ridiculement borné. Pourtant, on fait pareil quand il s’agit d’identité. C’est contraire à la tâche de l’enseignement qui consiste à élever les jeunes en citoyens critiques.

Comment faire alors? Un cours de citoyenneté, d’esthétique, plus de philosophie et moins de religion? Ce serait un progrès. Plus intelligent encore serait de ne pas pousser tout ce qui a trait à la religion et à la philosophie dans un cours. L’identité sociétale est créée par un éventail infini d’influences. Pourquoi n’y accorderait-on pas plus d’attention dans les cours d’histoire, de néerlandais, de géographie, de mathématiques et de biologie ? Ainsi, la philosophie ne sera plus une discipline séparée. On espère que les réseaux d’enseignement auront rapidement l’audace de faire ce revirement. De préférence aussi pendant les heures de cours.

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