Les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle française : et si on tirait au sort ? © ALEXANDRE MARCHI/BELGAIMAGE

La présidentielle française, une passion très… belge

Le Vif

« Tout un pays » sera bientôt suspendu aux résultats d’une élection particulièrement décisive. La France? Non, la Belgique, où la lutte entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon ou encore Jean-Luc Mélenchon attise les passions.

L’issue de la présidentielle, qui aura lieu les 23 avril et 7 mai, est attendue par les Belges, en particulier côté francophone, « comme si leur propre sort en dépendait », assure Henri Goldman, le rédacteur en chef de la revue « Politique ».

C’est que l’attrait pour la chose politique française, pour des Belges qui se perdent souvent dans les méandres de leur propre système fédéral, vire parfois à « l’obsession », observe M. Goldman, dont le magazine a publié en mars un numéro spécial sur la France sous le titre « Cette république que nous avons tant aimée ».

En Belgique, le Premier ministre émerge de délicates négociations entre une demi-douzaine de partis, qui peuvent durer des mois, après l’élection du Parlement au scrutin proportionnel. Au contraire de l’élection présidentielle française au suffrage universel direct.

En 2017, les multiples péripéties de la campagne renforcent encore la passion des Belges pour la politique française qui remonte à des décennies.

Election ‘par procuration’

« Les Belges entendent presque autant parler du ‘Penelopegate’ (qui met en cause le candidat conservateur François Fillon et son épouse Penelope) que de l’affaire Publifin », un scandale d’emplois présumés fictifs très complexe qui ébranle la classe politique wallonne depuis le début de l’année, souligne le rédacteur en chef de « Politique ».

Ainsi, lors de ses rassemblements à Paris et Marseille, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon pouvait compter sur le soutien de la « Wallonie insoumise », dont des membres arboraient fièrement des drapeaux frappés d’un coq rouge sur fond jaune, symbole de la région francophone du sud du pays.

« En Belgique, on a l’impression qu’on ne sait jamais très bien ce qui va ressortir d’une élection. On a plus de mal à y voir clair qu’en France », explique à l’AFP Jean Faniel, directeur général du Centre de recherche et d’information socio-politiques (CRISP).

Un intérêt qui pousse les médias belges à organiser leur couverture comme s’il s’agissait d’élections nationales, à grand renfort de directs, de reportages et d’envoyés spéciaux.

« Le public suit la présidentielle française de près, on en parle énormément. Il y a une espèce d’élection par procuration qui se joue », relève le correspondant à Paris de la télévision publique francophone RTBF, Pierre Marlet.

Certes, en Flandre néerlandophone (nord de la Belgique), l’intérêt pour la culture et la politique française est généralement plus limité qu’en Wallonie francophone (sud) et à Bruxelles.

Néanmoins, les médias flamands s’intéressent à la course à l’Elysée, « peut-être même plus qu’aux récentes élections aux Pays-Bas », le voisin du nord dont ils partagent pourtant la langue, souligne Steven Decraene, journaliste à la télévision publique néerlandophone VRT, contacté en plein tournage sur la Côte d’Azur.

« L’atmosphère de scandale autour de Fillon, le nouveau mouvement de Macron, les thèmes de Le Pen et le phénomène Mélenchon, cela parle beaucoup plus à l’imagination », témoigne le journaliste flamand.

Premières tendances

En outre, à chaque élection dans le pays voisin, les médias belges sont sur les chapeaux de roue, se préparant à un afflux massif d’internautes français.

N’étant pas soumis aux mêmes restrictions légales que leurs homologues français, qui n’ont pas le droit de publier la moindre tendance avant la clôture des bureaux de vote en France, ils n’hésitent pas en effet à diffuser les premières estimations dès qu’elles sont disponibles.

Lors de la primaire de la gauche qui a consacré la victoire du socialiste Benoît Hamon, le quotidien La Libre Belgique « a donné les premières tendances deux heures avant les médias français », se souvient le rédacteur en chef de son site internet Dorian de Meeûs.

Les principaux médias francophones comme Le Soir, La Libre Belgique, la RTBF ou RTL Belgique doivent d’ailleurs optimiser leurs sites pour faire face à l’affluence de lecteurs français.

« Les Français savent que s’ils veulent avoir les premières tendances, ils se tourneront vers les médias belges et suisses », prédit Pierre Marlet, le correspondant de la RTBF à Paris.

AFP

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