Thierry Fiorilli

La N-VA, cancer des Belges

Thierry Fiorilli Journaliste

Un jour, dans ce qui ne sera plus les manuels mais qui racontera tout de même l’histoire de la Belgique, l’été 2014 figurera en bonne place. Parce que c’est là qu’on pourra situer le moment où le cancer s’est attaqué au pays. Une forme de cancer particulièrement redoutable, qui ronge lentement, laisse en vie plusieurs années mais affaiblit grièvement les facultés mentales. Avant l’effondrement physique, brutal. Et puis la mort.

Cet été-là, il y a bientôt quatre ans, Charles Michel a décidé de faire monter la N-VA au gouvernement fédéral. Pour qu’il puisse endosser, lui, le costume de Premier ministre. C’est là que le cancer s’est déclenché. S’attaquant aux cellules de la Belgique, donc – soit ses citoyens – et non plus de la seule Flandre. Affectant son raisonnement et émoussant ses capacités de discernement. Certains de ses organes résistent. Mais la maladie se propage. Et tout le monde en perçoit chaque jour plus clairement les effets.

C’est là la plus belle réussite de Bart De Wever. Depuis son trône anversois, il a contaminé les esprits jusqu’aux coins les plus reculés de Wallonie. Depuis cet été-là, depuis bientôt quatre ans, le grand gourou du parti nationaliste flamand n’a pas cessé d’infecter la tête des Belges. Avec Jan Jambon et Theo Francken, en utilisant médias traditionnels et réseaux sociaux, favorisé en plus par la crise migratoire européenne et les attentats islamistes sur nos terres, il est parvenu à ce qu’on décèle dans la population de plus en plus de métastases.

Bart De Wever, Theo Francken et Jan Jambon ont contaminé les esprits jusqu’aux coins les plus reculés de Wallonie.

Crûment dit : les trois poids lourds de la N-VA ont multiplié les discours, messages, cartes blanches, tweets, posts, interviews, etc., prônant et légitimant la déshumanisation de notre société. Au nom du « bon sens », dans la posture de l’intellectuel sur le ton de l’humour ou de la menace, ils ont désigné les « bons » et « les mauvais » parmi les migrants, les médias, les juges, le droit international, les recteurs d’université ou les collabos ; instauré la frontière entre utilisateurs « du beurre ou de l’huile » ; stigmatisé les Belges d’origine maghrébine ; dénoncé les ONG humanitaires ; présenté des succès politiques qui ne consistent qu’en chiffres d’arrestations, d’emprisonnements, d’expulsions… A force, ils ont construit et installé un état d’esprit de plus en plus répandu, de part et d’autre « des deux démocraties composant la Belgique », qui estime que, au fond, tout compte fait, vu tout ce qu’on voit, tout ce qu’on entend et tout ce qu’on sait, dans le cadre de la lutte contre tous nos ennemis tous les moyens sont légitimes. Tous les moyens.

En bientôt quatre ans donc, entre trois saillies, quatre mensonges et deux demi-excuses, ce trio-là est parvenu à ce qu’une peut-être majorité de Belges, déjà, acquiesce notamment à une forme de plus en plus évidente de violence d’Etat. A ce qu’ils l’applaudissent. Et en demandent davantage encore. Mais attention, une fois la menace extérieure éliminée, l’objectif initial resurgira : la séparation, entre les mangeurs de beurre (les Flamands) et les bouffeurs d’huile (nous, « les Wallons »).

La mort de la Belgique sera dès lors annoncée comme étant survenue « après une longue maladie ». On ne sait pas encore combien d’années elle aura duré. On sait en revanche comment la nommer : cancer. On sait aussi qui l’a causé. Et qui l’a permis. L’été 2014 sera en bonne place sur la ligne du temps de l’histoire du pays. Plutôt en bout de ligne, quand même.

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