La mise en scène qui a suivi la victoire électorale de Bart De Wever à Anvers, et en particulier la « marche » du président de la N-VA sur la métropole, a suscité l’effroi du côté francophone et a des relents inquiétants, estime le ministre socialiste et futur bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette.
« Ce qui a frappé les esprits en Wallonie et à Bruxelles, ce soir-là, c’est la brutale métamorphose d’un homme », estime M. Magnette sur son blog.
Depuis longtemps, le leader nationaliste suscite des sentiments mêlés, entre l’inquiétude de ceux qui restent attachés à la Belgique et la sympathie d’une « certaine bourgeoisie wallonne » sensible à ses critiques sur une région vivant dans une culture de l’assistanat, note M. Magnette. « Jusqu’à ce dimanche soir. Car le spectacle largement diffusé par les médias francophones, en direct, de la ‘marche sur Anvers’ a glacé les esprits », ajoute-t-il.
Le professeur d’université, auteur d’un ouvrage sur le nationalisme en Europe, y trouve des « relents inquiétants ou à tout le moins de très mauvais goût » pour quiconque a étudié l’histoire: la marche avec cortège de partisans, la traversée de foules enthousiastes, le discours triomphal déjà orienté vers la prochaine échéance, l’image du leader vociférant, etc.
« La métamorphose physique du leader nationaliste est aussi une métamorphose politique: sa gourmandise, son humour et sa bonhomie semblent avoir disparu pour ne plus laisser subsister, sans fard, que l’ambition de pouvoir, et un discours nationaliste et conservateur teinté d’une agressivité qu’on ne lui avait pas connu jusqu’alors », ajoute M. Magnette.
Le socialiste se garde toutefois de conclure trop rapidement: « l’histoire dira si cet effroi fut la sensation d’un soir ou s’il marqua un tournant majeur », s’il s’agit d’une erreur de communication ou d’une transformation délibérée.
Le Vif.be, avec Belga
