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La fraude ne sera plus une priorité pour la police

La fraude, la corruption et toutes autres formes de criminalité financière et économique grave ne feront plus partie des priorités de la police durant les quatre prochaines années.

La hiérarchie a décidé de supprimer la lutte contre la fraude à grande échelle de la liste des priorités du projet de plan de sécurité nationale 2012-2015, rapporte le quotidien De Tijd vendredi.

Cela a fait l’objet d’une « longue discussion », commente Paul Van Thielen commissaire général de la police fédérale. « La contrefaçon et l’escroquerie disparaissent également de la liste », ajoute-t-il, précisant que tous les phénomènes de criminalité faisant l’objet d’une approche particulière ont été analysés sur base de plusieurs critères.

Parmi les phénomènes retenus dans la liste des priorités figurent le trafic d’êtres humains, la criminalité informatique et le terrorisme.

Carl Devlies, secrétaire d’Etat chargé de la Lutte contre la fraude, est toutefois d’avis que la police doit continuer à faire de cette lutte une priorité.

Un point à régler par le prochain gouvernement

La ministre de l’Intérieur, Annemie Turtelboom, a déjà fait savoir qu’il appartiendra au prochain gouvernement de trancher.

Les secrétaires d’État à la lutte contre la fraude, Carl Devlies (CD&V) et Bernard Clerfayt (FDF), soulignent tous les deux que ne pas retenir la fraude dans les priorités de la police est contraire à toutes les options politiques prises ces dernières années.

« Je ne sais pas quelle méthode on a retenu pour fixer les priorités mais cela ne correspond pas du tout aux choix du gouvernement », dit Carl Devlies dans De Tijd. « Je suis étonné. Cela va à l’encontre de toutes les décisions politiques et des recommandations de la Commission parlementaire sur la grande fraude fiscale », a commenté Bernard Clerfayt à l’agence BELGA. Il ajoute aussi que la police a reçu plus de moyens au cours des dernières années.

M. Clerfayt remarque aussi que chacun dit qu’en ces temps d’austérité, il y a beaucoup d’argent à récupérer dans la fraude. Il serait donc incohérent de ne pas faire de la lutte contre la fraude une priorité.

De toute façon, chacun souligne qu’il ne s’agit que d’un document préparatoire et que le plan de sécurité devra être discuté et approuvé par le prochain gouvernement. La discussion sur ce plan de sécurité est aussi lié à la réforme de la justice que décidera ce prochain gouvernement et à la mise en oeuvre de la technique dite « una via » recommandée par la Commission sur la grande fraude et qui doit permettre une plus grande efficacité. Selon De Tijd, la magistrature se montre aussi très critique.

Le syndicat policier Sypol.be estime que cette note ne tient pas du tout compte de la situation actuelle et se base sur des statistiques « pures et simples ». Les vols sont tous recensés alors que les faits de criminalité économique et financière restent cachés, explique Eddy Lebon, porte-parole du syndicat.

« On laisse tomber des pans entiers de notre expertise policière », regrette-t-il, ajoutant qu' »on va désinvestir en matière de recrutement de ces spécialistes en écofin, dont la moyenne d’âge est déjà élevée ». Le projet de plan national de sécurité « ne correspond pas aux besoins de la population, ni au discours politique », conclut-il.

LeVif.be, avec Belga

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