Christophe De Beukelaer

La coding school de Molengeek, pistes pour le Pacte d’excellence

Christophe De Beukelaer Député cdH au Parlement Bruxellois

De nombreuses initiatives d’apprentissage alternatif se développent un peu partout et montrent une volonté de repenser l’école et la place de l’élève. En même temps, le numérique a changé le rapport au monde et à l’information de la jeune génération (les millenials).

L’école « Molengeek » a compris ce changement de paradigme et propose une formation au codage innovante et nous rappelle les éléments majeurs nécessaires à l’école de demain.

Pour commencer, les étudiants sont présents sur base volontaire dans un environnement lumineux et coloré porté par la passion. Que ce soit dans le chef des enseignants ou des élèves, la passion est la base du bon fonctionnement de l’enseignement. Celle-ci facilite la nécessaire compréhension de l’intérêt de la formation et de l’apprentissage, et permet dès lors, une implication forte. Si bien que les élèves de Molengeek sont plusieurs à poursuivre en soirée et le week-end leur apprentissage !

De plus, confiance et responsabilisation règnent en maîtres. Les élèves ferment par exemple l’école après leur départ tardif. L’élève est vu comme un être digne de confiance. Son épanouissement est au coeur du projet. Tout comme sa responsabilisation d’ailleurs. Il se charge d’un projet, souvent en équipe, qu’il doit mener à terme. L’encadrement laisse un grand degré de liberté et d’autonomie à l’élève. Au final, pas de diplôme mais un portfolio des réalisations comme preuve du savoir-faire.

Ce savoir-faire n’est d’ailleurs pas tant le codage en tant que tel mais le learning by doing. A travers la pratique, on apprend et surtout, pierre angulaire et objectif ultime de toute pédagogie : on apprend à apprendre. N’est-ce pas au final la seule compétence requise ? L’enseignement, d’autant plus à l’heure du numérique, est voué à une course perpétuelle pour suivre l’innovation et l’école de demain doit permettre aux étudiants de savoir actualiser en permanence leurs acquis. Très concrètement, le codage d’aujourd’hui sera obsolète demain, les élèves doivent dès lors s’adapter.

Pour se financer, la « Molengeek coding school » reçoit des subsides de la FWB, des partenariats avec le privé (Samsung, Google) mais aussi s’auto-finance par des contrats sur des demandes rémunérées d’entreprises et confiées aux jeunes apprenants. Cela permet d’accepter chaque élève, sans prérequis ni obstacle pécunier. Tous ces éléments, illustrés ici par l’exemple de Molengeek, soulèvent deux questions majeures.

Premièrement, quelles sont les caractéristiques de cette école pouvant enrichir le restant de l’enseignement ? Molengeek nous rappelle que la passion pour la transmission du savoir est le plus petit commun dénominateur nécessaire et indispensable à la réussite. Un professeur passionné donnera un élève motivé. Associé à une dose de confiance et de responsabilisation, le cocktail pédagogique est réussi. Il va de notre devoir politique d’écouter, d’accompagner l’enseignant pour que sa flamme reste vive et tenace face aux épreuves de son métier.

Deuxièmement, l’école de codage fonctionnerait-elle aussi librement si elle était intégrée à l’enseignement reconnu ? Molengeek devrait s’adapter à son système par compétences à acquérir, son programme et son encadrement plus strict. De quoi dénaturer ses particularités vantées ici…. Il n’y a certes pas de méthode panacée, mais si les bons résultats de l’école venaient à se confirmer (la coding school n’ayant ouvert qu’en mars 2017) elle serait alors un exemple réussi de pédagogie « ouverte ». Il restera alors à trouver comment intégrer cette méthode et ces valeurs et leur (re)donner sa place dans notre système scolaire.

Voilà un appel lancé au Pacte d’Excellence. Une occasion unique de relever ce challenge !

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