© J Muyle

L’½uvre de la semaine: Sur les pas d’un sioux

Mais que voit-on là ? Une statuette populaire aux allures d’uniforme. Certes, sa bonhomie et son physique n’en font pas un militaire de chez nous ni du temps présent.

Il y a de l’exotisme là-dessous doublé d’un air de temps passé quand l’Inde portait l’habit de l’Angleterre. Mais voilà que derrière lui, une auréole divine clignote et tourne et tournoie à vous éblouir le cerveau. Que fait cet appendice électrique dont la puissance de ventilateur, fascinant comme un mandala, souffle et menace notre héros populaire autant que les cheveux du spectateur? L’oeuvre, comme toutes celles qui sont rassemblées à la Centrale électrique, possède ce caractère joyeux et bruyant des manèges de fêtes foraines. Pour peu, on y sentirait l’odeur des beignets et des croustillons, on se noierait dans l’appel des ampoules qui ourlent le Rotor ou l’American Scooter et dans celui des miroirs du luna park.

Oui, Johan Muyle aime la fête et les rires des gens d’en bas qu’ils soient d’ici ou de Calcutta, Bombay, qu’ils aiment « Plus belle la vie » ou le cinéma de Bollywood, Tchantchè ou Vishnu pourvu que l’un comme l’autre soit dans leur sang. Mais par-delà, il y a bel et bien la mise en place d’une rencontre sulfureuse entre un passé et un présent désigné à la fois par le sujet (le militaire gardien de l’ordre, le spectacle hypnotique, portail vers l’indicible) et par la technique : artisanale pour la statuette, électronique pour le ventilateur lumineux. En fait, ce type de questionnement a débuté pour l’artiste liégeois en 1993 quand, pour la première fois, il a rencontré les peintres des affiches du cinéma de Bollywood aujourd’hui remplacés par les machines à jet d’encre. Courrez voir cette expos labellisée Europalia. Vous ne le regretterez pas ! Muyle est un indien… sioux !

Guy Gilsoul

Bruxelles, Centrale électrique. 44 Place SAinte-Catherine. www.centrale-art.be

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