L’½uvre de la semaine: L’Iran des miroirs

Enfant, Monir Shahroudy (née en 1924) vivait dans une maison pleine de tableaux et d’oiseaux. Des plafonds peints aux vitraux colorés, tout renvoyait à l’Iran merveilleux des jardins et des palais.

Enfant, Monir Shahroudy (née en 1924) vivait dans une maison pleine de tableaux et d’oiseaux. Des plafonds peints aux vitraux colorés, tout renvoyait à l’Iran merveilleux des jardins et des palais. Mais la future artiste choisit de s’installer à New-York où elle se spécialise dans le dessin des fleurs au point de voir l’une de ses oeuvres acquise par les magasins Bonwit Teller qui l’engagent ensuite comme illustratrice de mode. Elle y rencontre Andy Warhol et bientôt se mêle aux avant-gardes du temps, l’expressionnisme abstrait. Mais c’est bien dans son pays d’origine qu’elle va trouver le saint Graal de son oeuvre. Elle en découvre les ruines (Persépolis), les palais Sassanides, les mausolées aux plafonds décorés de mosaïques et de miroirs mais aussi l’art et la vie des tribus. De l’architecture, elle passe à l’art populaire dont celui des « peintures de café ». Petit à petit, elle pénètre les secrets d’une culture et du rôle symbolique tenu par la géométrie. Associant alors les recherches des arts contemporains occidentaux sur la sérialité et les jeux optiques à ses racines iraniennes, elle se lance dans une oeuvre singulière dans laquelle miroir et formes géométriques jouent les premiers rôles. En fait comme dans nos propres traditions du moyen-âge (voir les plans des églises, le tracé des arcs ou celui des rosaces gothiques), chaque forme a une signification. En Iran, Le cercle est l’univers, le carré (à la base de la plupart des compositions) aux quatre directions, le triangle signifie l’être humain, le pentagone les cinq sens et l’hexagone les six vertus (sachant que doublé, il renvoie aux douze mois de l’année). La matière elle-même n’échappe pas à ce symbolisme puisque les éclats de miroirs évoquent l’eau qui elle-même reflète la lumière et donc…la vie.

Guy Gilsoul

Bruxelles, Wiels. 314 av Van Volxem (1190). Jusqu’au 15 septembre. www.wiels.org

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire