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L’oeuvre de la semaine: Poupées de fils

Le Vif

La poupée a posé la tête sur l’oreiller. Elle garde les lèvres rouges pincées et les yeux ouverts. Mais son regard ne voit pas. La poupée est absente au monde. Elle est d’ailleurs.

Voilà l’impression ressentie quand, dans la galerie, on l’aperçoit de loin. Sa taille cependant impressionne. Bien trop grande, immense même. Alors, on s’approche et plus le visage vient à nos, plus il s’évanouit au point de disparaître insensiblement remplacé par une texture chaude de fils entrecroisés.

Oui, il s’agit bien d’une tapisserie. Le secret : un travail en deux étapes pour la Californienne Lia Cook. D’abord, une prise de vue d’un visage de poupée ou de celui d’un enfant. L’image est ensuite soumise au diabolique et fascinant travail d’un métier Jacquard électronique qui traduit les pixels en scénario de tisserand. L’effet est fascinant. Mieux, il rend à l’art de la tapisserie un intérêt neuf.

En effet, si les « verdures » du moyen-âge conviennent particulièrement bien à ce métier de patience, les compositions (qu’elles soient figuratives comme à la Renaissance ou abstraites comme dans le modernisme) apparaissent le plus souvent comme un succédané de la grande peinture. La tapisserie avait mieux à faire. Le champ exploré par Lia Cook en est la preuve. Si le plus souvent, elle présente ses oeuvres monumentales dans des espaces immenses, le fait de les contenir dans celui de la galerie liégeoise augmente le choc visuel.

Liège, Les Drapiers. 68, rue Hors-château. Jusqu’au 25 mai. Du jeudi au samedi de 14 à 18 heures.

Guy Gilsoul

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