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L’embargo russe a fait chuter le prix des poires jusqu’à plus de 40%

Un an après le début de l’embargo alimentaire russe, le SPF Economie fait le bilan. Selon le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus, celui-ci a eu « un impact sur les prix et les exportations agricoles ».

L’embargo russe a eu un impact significatif sur l’évolution des prix et les exportations belges de poires, de pommes et de viande porcine, selon une étude du SPF Economie commandée par le ministre fédéral de l’Agriculture, Willy Borsus. Publiée fin mai 2015, elle est appelée à être actualisée tous les trois mois. En réponse aux difficultés du secteur, le ministre a présenté fin juillet, en marge de la Foire agricole de Libramont, dix mesures visant à soutenir l’agriculture.

Le produit le plus touché par l’embargo russe est la poire. En 2013, celle-ci représentait quelque 30,1% de l’ensemble des exportations agro-alimentaires belges vers la Russie, devant la viande de porc (14,3%), les produits laitiers (7,6%, dont 6% uniquement pour le lait en poudre), les tomates (6,9%) et les pommes (5,6%).

Il y a un an, le 7 août 2014, les autorités russes décrétaient un embargo sur les produits alimentaires en provenance de l’Union européenne et des Etats-Unis. Cette décision était prise en réponse aux sanctions économiques occidentales imposées à la Russie à la suite de l’annexion de la Crimée. Cet embargo avait été décrété pour un an. La Russie a décidé le 24 juin dernier de prolonger ces sanctions jusqu’en août 2016.

Les conséquences de cet embargo sont importantes pour le secteur agricole belge. Au dernier trimestre 2014, les poires ont connu des diminutions de prix allant de 23,7% (poire Conférence) à 41,7% (poire Doyenné du Comice) par rapport à la même période en 2013, selon les chiffres du SPF Economie. Le prix moyen des pommes Jonagold a quant à lui chuté de 34,5% d’une année à l’autre, tandis que le prix moyen du lait payé au producteur était 23,9% plus faible. Le prix de la viande de porc en janvier 2015 est quant à lui 15% plus bas qu’en janvier de l’année précédente.

L’impact sur les exportations belges est également considérable. Entre le dernier trimestre 2013 et le même trimestre en 2014, les exportations totales ont diminué de 20,6% pour les poires, de 19% pour les pommes, et de 19,8% pour la viande de porc. Une exception: les exportations totales de tomates et leur prix moyen sont en hausse (respectivement de 16,7% et 20,8%). Par ailleurs, les exportations de lait en poudre vers la Russie ne représentent quant à elles qu’une faible part des exportations belges totales pour ce produit. Ces dernières ont d’ailleurs augmenté de plus de 26%. Par contre, la diminution importante du prix du lait peut en partie être expliquée par l’embargo russe.

Dix mesures déjà prises ou en gestation

En réponse à ces chiffres préoccupants, le ministre fédéral de l’Agriculture Willy Borsus a présenté en marge de la Foire de Libramont fin juillet dix mesures, déjà prises ou en gestation, afin de soutenir le secteur. Certaines de ces mesures concernent directement les exploitations impactées par l’embargo russe.

Le ministre a ainsi annoncé des moyens supplémentaires, de l’ordre de 1,47 million d’euros par an dès 2016, pour le développement des exportations des produits agricoles et agro-alimentaires belges; ainsi que la création au sein de l’Agence en charge de l’exportation vers les pays tiers d’une cellule d’accompagnement des petits producteurs.

M. Borsus a également évoqué le développement d’une appellation « origine belge » afin « de mieux mettre en valeur l’origine belge des produits et d’en faire une valeur ajoutée et faciliter le choix pour les consommateurs belges » et pour les marchés à l’exportation. Il est également prévu une prolongation, jusqu’au 30 juin 2016, des mesures à court terme adoptées en matière de dispense et de report des cotisations sociales pour les indépendants dont l’entreprise agricole ou horticole éprouve des difficultés à la suite de l’embargo russe.

Mais l’embargo mis en place par la Russie a surtout mis en exergue la nécessité de trouver de nouveaux débouchés à l’étranger. Pour ce faire, les regards se portent principalement sur l’Asie du sud-est, Chine en tête, ainsi que sur le Moyen-Orient. « Il est vital de pouvoir développer nos exportations vers les pays européens et surtout vers la grande exportation pour pouvoir bénéficier au mieux des perspectives qui s’offrent à nos producteurs et à nos transformateurs », avait estimé Willy Borsus, lors d’un colloque consacré à cette question lors de la Foire de Libramont.

Les exportations agroalimentaires belges s’élèvent à 39,4 milliards d’euros dont 16% sont réalisés en dehors de l’Union européenne.

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