Ken Loach répond à Charles Michel: « regardez les preuves et revoyez vos propos » (vidéo)

Le réalisateur britannique Ken Loach a répondu aux désapprobations exprimées par des associations juives et le Premier ministre Charles Michel quant au fait qu’il se verra remettre jeudi soir un doctorat honoris causa de l’ULB.

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Ken Loach a tout d’abord réaffirmé son rejet du négationnisme. « Je trouve un peu choquant d’avoir à faire cette déclaration sur ces allégations parce que toute ma carrière et tous les films que j’ai fait visaient à défendre les droits humains, à défendre les lois internationales, la justice sociale… Et je connais fort bien l’histoire du négationnisme. C’est le terrain de l’extrême droite et je n’ai rien à voir avec cela. L’antisémitisme et le racisme sont dans toutes les sociétés. Ils sont la peur de l’étranger, du marginal, et ils se traduisent par de la haine. C’est profondément répugnant et inquiétant », a-t-il affirmé.

Sur la controverse au Royaume-Uni, il a formulé quelques reproches au parti travailliste. « Ces deux dernières années, les dispositions antisémites dans les partis de droite étaient deux fois plus importantes qu’au parti travailliste. Ces deux dernières années, quand Jeremy Corbyn était leader, l’antisémitisme de la plupart des partisans du parti travailliste est monté, en d’autres termes il a eu une influence en minimisant le racisme et l’antisémitisme. C’est le seul point que je dirais à propos de cela. C’est un homme qui a toujours défendu les droits humains ».

Le réalisateur n’a pas voulu s’exprimer directement sur les déclarations du Premier ministre parues dans la presse. Il s’est cependant permis d’ironiser sur le sujet: « J’ai compris qu’il avait étudié le droit dans cette université. Est-ce qu’ils enseignent mal ou n’a-t-il pas réussi ses examens? Parce qu’un bon avocat sait qu’on examine d’abord les preuves avant de parvenir à une conclusion. Monsieur Michel, regardez les preuves et revoyez vos propos », a-t-il lancé.

Il a ensuite demandé si le Premier ministre n’avait pas soulevé des questions sur les violations du droit international commises par Israël ou encore sur l’occupation des terres palestiniennes à l’occasion d’un événement célébrant les 70 ans de l’Etat d’Israël.

L’ULB a décoré huit nouveaux Docteurs Honoris Causa qui incarnent la diversité

La séance solennelle de remise des insignes de Doctorat Honoris Causa de l’Université libre de Bruxelles (ULB) a honoré, jeudi le réalisateur britannique réputé pour ses films sociaux Ken Loach, Siegi Hirsch, déporté juif d’origine allemande pionnier de la thérapie familiale, Christiane Taubira, femme politique française retenue pour ses combats en faveur des diversités, et l’économiste et journaliste turc Ahmet Insel. Les enseignants et chercheurs de l’ULB Monique Capron (Pôle Santé), Agnès van Zanten (Faculté des Sciences psychologiques et de l’Education), Christian Debuyst (Faculté de Droit) et Jan Van Impe (Ecole polytechnique de Bruxelles) ont également reçu ce titre honorifique.

Cette distinction est accordée par l’Université à des personnalités du monde politique, économique, scientifique ou culturel qui se sont illustrées en défendant des valeurs fondamentales comme la liberté, la laïcité ou la tolérance, qui sont au coeur des combats de l’ULB. Cette année académique étant celle des Diversités, elles incarnent de plus ces diversités. « Chacun de nos Docteurs Honoris Causa institutionnels illustrent parfaitement une ou plusieurs facettes de la diversité et portent en outre la force de conviction qui nous renvoie vers une qualité humaine que nous souhaitons par-dessus tout transmettre à nos étudiants et disséminer dans la société qui nous accueille et qui nous héberge : l’engagement citoyen », a expliqué Yvon Englert, le recteur de l’ULB. « Ils ne satisfont pas du consensus mou et peuvent créer le débat et la controverse, tous, dans un périmètre légitime ».

Chacune des personnalités honorées a été présentée lors des discours. Christiane Taubira a eu l’opportunité de s’exprimer en leurs noms: « nous répondons de ce monde et la responsabilité de notre génération, c’est de préparer et d’instruire les générations suivantes, leur faire savoir que les cultures, les langues, les coutumes, les moeurs et croyances sont légitimes tant qu’elles n’abaissent pas la personne humaine, tant qu’elle ne l’humilie pas, tant qu’elle ne mutile pas cette personne humaine. Nous avons à les instruire de l’unité de l’espèce humaine. Nous avons aussi à les préparer à ces défis auxquels nous sommes confrontés et notamment au défi des réfugiés et des migrants car les femmes, les enfants, les hommes ne vont pas cesser de circuler et leur circulation met à l’épreuve nos principes, nos valeurs et nos discours. »

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