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Kazakhgate: un ambassadeur dit avoir prévenu le cabinet Reynders des agissements de l’Elysée

L’ancien ambassadeur de Belgique auprès du Vatican, Charles Ghislain, a indiqué mercredi en commission d’enquête avoir averti dans un courriel le cabinet du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders des agissements du conseiller de Nicolas Sarkozy Jean-François Etienne des Rosaies après l’affaire du Kazakhgate.

Le cabinet du ministre s’intéressait à Jean-François Etienne des Rosaies, conseiller de l’Elysée et conseiller de l’Ordre de Malte, organisation avec laquelle la Belgique négociait un rapprochement en 2013. Les parties semblaient intéressées à l’époque par le sort de l’homme d’affaires Geroge Forrest que d’aucuns auraient voulu voir anobli.

Le bras droit du ministre Reynders, Jean-Claude Fontinoy, a demandé à l’ambassadeur Ghislain de lui fournir des renseignements au sujet de Jean-François Etienne des Rosaies qui souhaitait le rencontrer à l’automne 2013.

M. Ghislain dit avoir adressé un courriel confidentiel à M. Fontinoy dans lequel il a souligné son rôle dans « le milieu politico-financier » français et évoqué le fait qu’il « avait plongé notre ami Armand De Decker dans un grand embarras » lors du Kazakhgate. Ce courriel confidentiel a ensuite fait l’objet de fuites dans la diplomatie. M. Ghislain est aujourd’hui à la retraite après avoir terminé sa carrière au comité interministériel pour la politique de siège.

L’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a confirmé il y a quelques jours devant la commission d’enquête que le conseiller Etienne Des Rosaies avait mis sur pied à l’Elysée une cellule acquise aux intérêts franco-kazakhs. Elle visait à éviter des ennuis judiciaires au trio Chodiev et consorts, qui risquait au printemps 2011 d’être renvoyé devant un tribunal correctionnel en Belgique.

Egalement conseiller du grand chancelier (premier ministre) de l’Ordre de Malte Jean-Pierre Mazery, Jean-François Etienne des Rosaies, a tenté, probablement avec lui, de pousser en Belgique à l’anoblissement de George Forrest, une évolution qui aurait pu faciliter l’ouverture de certaines portes. Peu disert, les représentants belges de l’Ordre de Malte, André Querton et Charles Maskens ont tout au plus regretté lundi devant la commission d’enquête cette ingérence française. Les deux représentants ont par ailleurs répété que l’organisation n’avait pas effectué de versement à l’oeuvre de la princesse Lea, contrairement à ce que lui aurait laissé entendre l’ex-président du Sénat Armand De Decker. Les enquêteurs français et belges s’intéressent à une série de flux financiers, dont ce versement effectué à la demande des avocats Catherie Degoul et Armand De Decker, à l’oeuvre au sein de la cellule kazakhe montée par l’Elysée. Les représentants belges de l’Ordre de Malte ont circonscrit leurs contacts avec Armand De Decker et Didier Reynders à des oeuvres de coopération soutenues par les pouvoirs publics belges en Palestine et en République démocratique du Congo.

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