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« Je ne vois pas comment dans 5 ans, la N-VA pourrait présenter un bilan satisfaisant pour son électorat »

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Pour Patrik Vankrunkelsven, ancien président de feue la Volksunie, la N-VA prend un risque important en acceptant de monter dans un gouvernement fédéral sans prétention institutionnelle.

Le Vif/L’Express : Comment commentez-vous l’entrée probable de la N-VA dans un gouvernement fédéral ?

Patrik Vankrunkelsven : Le gouvernement fédéral est par nature le lieu qu’un parti nationaliste ou régionaliste – je me suis toujours considéré comme régionaliste plus que nationaliste, et ce n’est pas une mince nuance, à mon sens – doit essayer d’intégrer pour réaliser sa vision de la réforme de l’Etat. C’est logique que la N-VA y soit et cela ne me fait pas peur. J’irais même plus loin : un parti comme la N-VA doit entrer prioritairement dans un gouvernement fédéral, davantage encore que dans un gouvernement régional. Car un programme nationaliste se réalise par définition au niveau fédéral, même si la N-VA peut aussi mettre en place son programme pour la seule Région flamande. Ce qui est atypique – et c’est une direction que nous n’aurions jamais prise avec la VU – c’est la volonté dans le chef de la N-VA de vouloir montrer qu’une autre politique est possible sans le Parti socialiste. Je trouve qu’elle le paie cher car en échange, elle doit mettre ses projets de réforme de l’Etat au frigo. Avec la VU et du temps de Hugo Schiltz, nous avions fait le contraire : considérant que le PS était le parti le plus important de Wallonie, nous avons collaboré avec lui pour créer ensemble un Etat fédéral sain, même s’il n’était pas complet. C’est peut-être une manoeuvre tactique grâce à laquelle la N-VA espère quand même pouvoir transférer davantage de compétences vers les entités fédérées, avec le PS hors du gouvernement fédéral. Mais c’est une stratégie à laquelle je ne crois pas.

C’est le pari que fait la NVA. Est-il risqué ?

La N-VA court effectivement un risque en entrant dans un gouvernement fédéral sans projet de réforme de l’Etat. Les nationalistes se disent peut-être qu’ils sont au sommet de leurs possibilités de croissance en termes de voix, que ce n’est donc pas sur ce plan qu’ils pourront profiter de leur participation gouvernementale et qu’il vaut mieux, du coup, opter pour un programme socio-économique. Mais je crains que pour la base du parti, demandeuse de plus d’autonomie pour la Flandre, voire de l’indépendance, il y ait un risque. Le Flamand classique n’est pas riche. Si l’on mène une politique moins sociale, dans laquelle la classe moyenne n’est pas épargnée, et certainement pas les plus pauvres, je ne vois pas vraiment, dans cinq ans, comment la N-VA pourrait présenter un bilan qui satisfera son électorat.

Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, le dossier « Indépendance : la Flandre nationaliste n’a pas renoncé »

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