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J’étais au « show » de Francken, « les étrangers pour les nuls », et tout est vrai

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les « affreux de service » défilent sur la grande toile blanche au format de salle de cinéma. El Alami Amaouch, prédicateur verviétois. Les frères Abdeslam. Fouad Belkacem, fondateur de Sharia4Belgium. L’assistance frissonne. Chaque vision lui arrache des « ah ! » et des « oh ! » étouffés. Et alors ? Et alors ? Eh, eh, Theo est arrivé !

Il déboule sur scène, en chair et en os, pour ce public de Zaventem devant lequel, jeudi 15 juin, il est venu boucler sa tournée infernale des popotes nationalistes flamandes. Si le secrétaire d’Etat N-VA à l’Asile et la Migration a emmené dans ses bagages la fine fleur du radicalisme islamiste et du terrorisme djihadiste, c’est juste pour situer son cadre de travail.  » My business, hell job « , soupire Francken.

 » Goed, here we go « , attaque Theo. C’est parti pour deux heures de one-man-show. Avec, pour seul pense-bête projeté sur écran, des graphiques remplis de colonnes de chiffres hautes comme des gratte-ciel, et des cartes pleines de flèches bien épaisses qui s’élancent, menaçantes, depuis la terre africaine pour converger vers cette Europe-passoire. Le choc des photos, le poids des mots.

Un premier frisson, pour la route :  » Il y a un sérieux, un gigantesque problème avec l’organisation de l’islam en Belgique. Une catastrophe totale.  » D’ici ou d’ailleurs, les étrangers vus par Theo, c’est jamais très jojo. C’est un biotope  » on-voor-stel-baar « ,  » i-ni-ma-gi-na-ble « , un monde  » waanzin « ,  » de folie « . Qui lui inspire des tas de  » ouille, ouille, ouille ! « , de  » pfff… « , ou de  » Mamma mia !  » Ou alors un de ces claquements secs de langue, dont on use pour rappeler un chien à l’ordre, quand il évoque les abuseurs de notre hospitalité.

J'étais au
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Ceux-là, Theo Francken a appris à les connaître en taule, lorsqu’il était encore député-bourgmestre de Lubbeek. Souvenir, souvenir :  » Je visitais les prisons, je prenais un café avec le directeur, je jetais un oeil sur les listes de détenus. Très intéressants, tous ces noms… Onvoorstelbaar. Nos prisons sont remplies d’étrangers. Mais chuut ! secret public.  » Et que du lourd parmi ces détenus criminels,  » dealers, voleurs, violeurs, assassins  » : autant ne rien cacher à la salle. Pour eux, une issue :  » Uit, uit, uit !  »

C’est vite dit. A propos des  » non-rapatriables « , Theo en a d’ailleurs une bien bonne à raconter : un dialogue de sourds avec l’ambassadeur d’Algérie. On s’y croirait. Le secrétaire d’Etat :  » Vous les reprenez.  » Le diplomate (Francken monte dans les aigus) :  » Non.  » Francken :  » Si. « . Le diplomate :  » Non, on a déjà assez de terroristes en Algérie.  » Hilarité générale.

Le secrétaire d’Etat, lui, porte sa croix. On le supplie de débarrasser le terminal de Zeebruges des illégaux qui le squattent,  » urinent dans les escaliers, dorment dans les abris de jardin. « Theo, alstublieft, fais quelque chose », me disent les policiers.  » Mais Theo voudrait bien qu’il pourrait point.  » Leur frustration, votre frustration, est à 100 % la mienne. Croyez-le bien !  »

A vous donner envie d’ériger des murs.  » On peut trouver cela moralement critiquable. Mais cela aide, cela fonctionne. Regardez la Grande Muraille de Chine, qui a contenu les invasions mongoles.  » Il va chercher loin, Theo. Sa réputation est faite ? La bête de scène en rit de bon coeur avec son public :  » Les déportations à la Francken, le IIIe Reich à nos portes, oh là là… « , plaisante-t-il en claquant imperceptiblement les talons. Kolossale finesse.

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