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Intercommunales liégeoises : le pouvoir confisqué

A la fédération liégeoise du PS, une mini-fronde s’est levée pour exiger plus de transparence et de collégialité dans la gestion des intercommunales. En arrière-fond: des ambitions individuelles.

A Liège, c’est plié. Les socialistes et les libéraux, associés quasi à vie à la province, se sont entendus sur la répartition de 95 mandats dans les intercommunales liégeoises : pour les présidences des conseils d’administration et des bureaux exécutifs (les deux niveaux décisionnels) ainsi que pour la désignation des administrateurs à l’assemblée générale. La divulgation de ce casting, synonyme d’une plus-value financière pour les intéressés, a suscité bien des remous. Non à cause des présidences accordées systématiquement à des socialistes, le MR trustant les vice-présidences de cinq des six plus importantes « intercos », une vice-présidence étant donnée au CDH. Ce partage d’influence résulte de l’accord PS-MR et d’une application conforme de la clé D’Hondt, laquelle reflète les rapports de forces post-électoraux dans les conseils communaux. Avec des bastions tels que Liège, Seraing ou Ans, la domination PS n’était pas près de s’effacer, d’autant que, par un tour de passe-passe statutaire, certaines intercommunales ont pris soin de gonfler la représentativité de communes traditionnellement « rouges » pour contrer une éventuelle poussée à droite, laquelle s’est effectivement produite lors des élections d’octobre 2012. Ce qui a fait tiquer, c’est la « cabine téléphonique » dans laquelle les éminences du PS ont dealé.

Willy Demeyer, président de la fédération liégeoise du PS, et Stéphane Moreau, son bras droit, lui-même patron de la puissante Tecteo, ont mené toute l’affaire. Lorsque Demeyer s’est présenté, liste en main, devant le comité exécutif de la fédération liégeoise du PS, presque personne, sur les trente présents, n’a bronché. A trois exceptions: Frédéric Daerden (député européen et bourgmestre de Herstal), Marc Bolland (député wallon et bourgmestre de Blegny) et Jean-Pascal Labille (ministre des Entreprises publiques, non élu mais étoile montante du PS). Ces trois-là ont dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Du coup, on doit se revoir ce vendredi 7 juin. Des convocations ont été envoyées dix jours à l’avance. Un progrès : avant, c’était quasi au pied levé. L’ordre du jour est ambitieux.

Où il est question de la nécessité de mieux contrôler les intercommunales en matière de politique de dividendes, de relations avec le personnel et de stratégie publique. « Les technocrates doivent rendre des comptes à la fédé et l’intérêt général doit prévaloir », décode Marc Bolland. Exactement ce que réclame aussi Paul Furlan, ministre wallon des Pouvoirs locaux. Bien qu’appartenant au PS, celui-ci ne parvient pas à discipliner ces institutions publiques dont certains dirigeants s’affranchissent du contrôle démocratique des communes ou de la tutelle. A Liège, où Tecteo fait à peu près ce qui lui plait, c’est parler de corde dans la maison d’un pendu. Autre décision frappante : l’assemblée fédérale réunissant les délégués des Unions socialistes communales (USC) devra se tenir tous les trois mois comme l’imposent les statuts. On avait pris l’habitude de les zapper. Quatre dates ont été fixées. L’amorce d’une rénovation ? Le prélude à un nouveau combat de chefs ? Les paris sont ouverts.

L’intégralité du dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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