Un combattant de l'Etat islamique. © Reuters

Gérer le repli religieux et le radicalisme violent, Molenbeck et Malines partagent leur expérience

Le bourgmestre de Malines Bart Somers (Open Vld) a rencontré mardi midi son homologue de Molenbeek-Saint-Jean Françoise Schepmans (MR) pour initier une collaboration visant à échanger leurs bonnes pratiques sur les questions du repli religieux et du radicalisme violent.

Ils ont ensuite présenté leurs engagements mutuels en présence de leurs chefs de corps et de leurs fonctionnaires de prévention respectifs. Malines (85.000 habitants) compte 28% de sa population étant de nationalité marocaine. C’est également la première communauté de Molenbeek (95.000 habitants) avec un nombre au moins aussi important. Contrairement à Malines, qui n’a recensé aucun départ pour le djihad, Molenbeek comptabilise 17 personnes parties se battre en Syrie, dont sept sont décédées. Par ailleurs, dix individus sont identifiés comme susceptibles de partir, parmi lesquels certains qui sont revenus à Bruxelles après un premier départ.

Il a été convenu que la bourgmestre molenbeekoise sera prochainement invitée à Malines en retour. Des policiers des cellules spécialisées sur le radicalisme seront intervertis. Des échanges d’informations sont prévus autour des formations ou sur les réseaux de caméra. Françoise Schepmans veut également s’inspirer de la politique d’aménagement des espaces publics développée à Malines: « Il est important de décloisonner les quartiers et de faire en sorte que les habitants s’y sentent bien ».

« L’approche développée à Malines est totalement opposée à la nôtre », remarque plus généralement le fonctionnaire de prévention Olivier Vanderhaegen. « On a tout intérêt à aller voir comment s’organise le tissu associatif là-bas. Je pense notamment à cette maison de jeunes qui regroupe plus de 1.000 jeunes. Les communes de Flandre ont un an d’avance sur les communes bruxelloises et wallonnes. » Une collaboration a, en outre, été initiée il y a deux ans entre les bourgmestres Bart de Wever pour Anvers, Bart Somers pour Malines et Hans Bonte pour Vilvorde.

« Les contacts que peut avoir Malines avec les représentants des mosquées et les professeurs de religion sont tout à fait positifs », note Françoise Schepmans. « A Bruxelles, nous devons encore approfondir ces contacts ». Molenbeek a été la première commune bruxelloise à engager en octobre un agent de prévention contre le radicalisme violent. Ce dernier a développé un plan d’action incluant entre autres la collaboration avec les écoles, l’analyse de la radicalisation et la prise en charge des familles.

Malgré son avance en la matière, Malines compte aussi s’inspirer de Molenbeek au niveau de l’association para-communale ‘La lutte contre l’exclusion sociale’, qui regroupe des éducateurs de rue, et en analysant les dossiers des personnes touchées par le radicalisme afin d’améliorer sa prévention.

« Avant, Malines avait une réputation très proche de celle de Molenbeek: beaucoup de pauvreté, de criminalité… », remarque Bart Somers. « Nous avons mené une politique très inclusive. Les associations, les mosquées ou les citoyens interviennent aujourd’hui ensemble quand un jeune est touché par la radicalisation. Je ne pense pas qu’une politique de répression puisse, seule, gagner contre le radicalisme. Le plus important, c’est de développer une politique de prévention et d’inclusion, de créer des opportunités pour tout le monde, de lutter contre les discriminations et le racisme, et de donner à tous le confort d’être un citoyen de notre société en toute égalité ».

Des formations, notamment sur l’islam, ont été dispensées aux policiers pour développer la compréhension nécessaire à l’établissement d’une relation de confiance.

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