Theo Francken, secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration. © Belga

Francken, l’asile en tolérance zéro

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Raciste, la N-VA ? Certains la trouvent borderline dans sa chasse aux abus de l’immigration. Champion de la spécialité, le nouveau secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration a pourtant su dégager des affinités avec le MR.

S’il est conséquent avec lui-même, et il en a tout l’air, Theo Francken doit faire la grimace. « Seulement » un secrétariat d’Etat pour s’attaquer à l’asile et la migration, là où un poste de ministre à part entière s’imposerait : « Je crains que les grandes promesses ne soient pas tenues », déplorait en 2012 le nationaliste flamand en visant Maggie De Block (Open VLD), nantie de ce modeste strapontin dans le gouvernement Di Rupo.

Voilà Francken à son tour « seulement » secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration. Avec de « grandes promesses » dans sa besace. Ou plutôt de mâles résolutions, de celles qu’il exprimait à jets quasi continus dans sa vie de député fédéral, à la pointe du combat sur les questions d’immigration. L’élu N-VA s’y distinguait par une nette tendance à y voir des abus et des scandales partout. Et à les relever sans salamalecs, depuis son banc de l’opposition parlementaire.

La migration vue par Theo Francken, c’est d’abord une législation bien trop complexe mais qui rapporte gros. Avec une mention spéciale pour « ces bureaux d’avocats, autant dire l’industrie de la migration » : « Ils peuvent se remplir les poches en essayant de trouver toutes sortes de subterfuges légaux. » Que dire aussi de la régularisation pour raison médicale : là encore, si la Belgique n’y prend garde, « elle deviendra la Mecque de chaque étranger gravement malade ou l’hôpital du monde entier. »

Francken, ou le devoir de ne rien laisser passer. L’été 2013, une vague de vols à la tire lors des festivals rock fait bondir l’élu. Le crime est signé, inutile de tergiverser : « Beaucoup de pickpockets pris en flagrant délit séjournent illégalement dans notre pays. Il serait préférable de les expulser immédiatement au lieu de les déférer devant un tribunal. Il faudrait les embarquer dans un avion au plus vite. » Sans autres formalités judiciaires.

Theo Francken s’est découvert des affinités dans son combat, y compris dans l’autre camp linguistique. Le déclic remonte au printemps 2011, lors d’un houleux débat parlementaire sur une politique de regroupement familial plus restrictive. Sur les bancs MR, on y tient un langage qui choque dans les rangs francophones, y compris chez le partenaire FDF, mais qui plaît à l’élu N-VA. « Quand on regarde les Belges qui recourent au regroupement familial, on constate que 70 % sont issus de l’immigration, surtout de la Turquie ou du Maroc », cible la députée Jacqueline Galant.

Message reçu. Francken y va en séance d’un hommage appuyé aux représentants MR Galant et Denis Ducarme, « pour avoir osé braver les tabous et collaborer avec nous dans l’intérêt général. Espérons que cette rupture de tendance soit le début d’une belle et longue histoire. » Visionnaire, le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration du gouvernement Michel.

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