Carte blanche

Face au populisme de la peur, osons l’optimisme du progrès

Conservatisme, repli sur soi, pessimisme, peur la modernisation de la société : aujourd’hui, l’idée même de progrès est malmenée. Mais qu’y a-t-il dans le progrès qui justifie que l’on en perçoive uniquement les dangers et pas les opportunités ?

Imaginons Thomas Edison clamer « N’ayez pas peur de l’ampoule électrique ! « , face à ceux qui, au 19e siècle, s’interrogeaient sur la disparition des emplois d’allumeurs de réverbères que cette innovation allait entraîner. Cet exemple illustre l’importance des évolutions technologiques qui ont poussé nos sociétés vers des stades plus élevés de développements sociaux, économiques, éthiques et culturels.

Comme par le passé, avec l’avènement de la machine à vapeur ou du métier à tisser, nos sociétés sont aujourd’hui confrontées à de nouveaux défis : la poursuite de la construction européenne, l’économie collaborative, les nanotechnologies, la digitalisation ou encore les grands traités commerciaux internationaux. Et comme par le passé, ces évolutions sont pointées du doigt par certains, qui les accueillent avec beaucoup d’appréhension, car elles bouleversent nos sociétés et peuvent donner l’impression de rendre l’avenir incertain, car différent.

Cette peur du changement et de l’avenir est de plus en plus perceptible dans notre société. Cela se traduit par une posture généralisée du « Contre » : contre l’Europe, contre la mondialisation, contre les nouvelles technologies, contre l’accueil de réfugiés, contre l’économie de marché, contre la flexibilité, contre les réformes systémiques. Bref, contre à peu près tout…

Cette résistance aux changements, nous devons la comprendre, alors que ceux-ci n’ont jamais été aussi nombreux et aussi rapides, et qu’ils interviennent au moment où notre société commence seulement à se remettre d’une crise économique et financière majeure, dans un contexte géopolitique et sécuritaire anxiogène. Les réactions de repli sur soi engendrées par la vague migratoire, les votes-surprises en faveur du Brexit ou de Donald Trump, ou encore le mélodrame plus émotionnel que rationnel du CETA, doivent nous ouvrir les yeux.

En tant que jeunes responsables politiques, c’est à nous qu’il incombe d’apporter des réponses concrètes à ces craintes et d’apaiser cette peur du changement. Nous sommes convaincus que, comme par le passé, notre avenir recèle plus d’opportunités que de dangers et qu’il faut résolument engager notre société vers cette évolution. C’est pourquoi nous regrettons qu’une partie de la classe politique surfe sur ces peurs et attise le feu de la contestation à des fins purement électoralistes. Que les extrêmes, gauche et droite confondues, sombrent davantage encore dans le poujadisme et le populisme n’est malheureusement pas surprenant. Mais que cette logique soit poursuivie, ici et ailleurs, par une partie de la droite conservatrice et d’une social-démocratie en perte de vitesse, est bien plus inquiétant pour nos démocraties.

En érigeant des drames de l’actualité que sont les restructurations massives comme les seuls totems de la mondialisation de l’économie et du progrès technologique, ces « généralistes de la peur  » se font les partisans du défaitisme et du pessimisme. Ils sont les adversaires d’une évolution souvent inévitable. En stigmatisant les nouvelles technologies et en les opposant aux emplois « traditionnels », en proposant, par exemple, de taxer le self-scanning dans les grandes surfaces, ils se font les opposants du progrès. Pourtant, malgré les inquiétudes légitimes et les défis qu’elle suscite, notre époque doit être celle de la confiance et de l’optimisme.

Entre les discours de Cassandre et le développement linéaire aveugle, entre la peur et la fascination, il y a une troisième voie possible et pour laquelle, en tant que jeunes élus, nous plaidons : celle de l’optimisme et du pragmatisme.

Le futur sera certes très différent, nous en sommes conscients. Mais en tant que libéraux engagés, nous voulons que celui-ci soit appréhendé de manière volontariste et en termes d’opportunités historiques. Nous réfutons la fatalité d’un avenir automatiquement synonyme de déclin. A nos yeux, lutter contre l’évolution pour protéger un passé révolu, c’est avant tout se tromper de combat, mais c’est aussi s’engager dans une bataille perdue d’avance. Dans l’optique de ces évolutions, la place essentielle des pouvoirs publics doit être celle d’un régulateur, d’un garant des valeurs et de l’intérêt général, dans un cadre de complémentarité et d’une mixte économique intelligent et innovant, qui allierait économie de marché, économie circulaire, économie numérique, économique sociale, économie collaborative et e-commerce. Un cadre où ne s’opposent pas, mais évoluent harmonieusement les créateurs de richesse et les travailleurs ; les PME et les multinationales ; les indépendants et les coopératives ; les acteurs de l’innovation et les produits du terroir ; les patrons et les salariés ; le marché économique et le bien-être individuel. C’est seulement dans ce cadre que la voie du développement économique et social du 21e siècle s’ouvrira.

Pragmatisme, volontarisme, rejet de la nostalgie du passé et regard fixé résolument sur l’avenir, voici, à nos yeux, les fondements de l’optimisme du progrès que nous défendons !

Gautier CALOMNE, 36 ans – Député fédéral – Conseiller communal d’Ixelles

Gilles FORET, 39 ans – Député fédéral – Conseiller communal de Liège

Kattrin JADIN, 36 ans – Députée fédérale – Conseillère communale d’Eupen

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