Le journaliste et polémiste français Eric Zemmour reçu au Cercle de Lorraine-Club Van Lotharingen à Bruxelles, le 6 janvier 2015, pour la signature de son ouvrage "Le Suicide Français: Ces quarante années qui ont défait la France" © Belga Image

Eric Zemmour à Bruxelles déplore le maccarthysme ambiant

Invité à prendre la parole mardi devant le Cercle de Lorraine à l’occasion d’un déjeuner littéraire, le journaliste et chroniqueur français Eric Zemmour a déploré l’impossibilité de mener sereinement un débat actuellement. « Vous avez été contaminés par les moeurs barbares », a-t-il lancé à l’auditoire en référence à la polémique née depuis l’annonce de sa venue en Belgique.

A l’entrée du Cercle de Lorraine, situé place Poelaert en face du Palais de Justice, une dizaine de militants du groupuscule d’extrême-droite Nation arboraient une banderole avec l’inscription « Contre le fascisme islamo-gauchiste ». Ils voulaient ainsi témoigner leur soutien au journaliste dont la venue en Belgique a suscité l’ire, entre autres, de plusieurs associations de gauche et de lutte contre l’islamophobie.

Eric Zemmour a déploré ce qu’il appelle du « maccarthysme » et non de la censure. « Il ne devrait pas y avoir de dérapage en démocratie, mais seulement un débat », a poursuivi le journaliste qui venait présenter son dernier ouvrage, Le suicide français, qui fait déjà office de best-seller en librairie avec plus de 400.000 exemplaires vendus, dont quelque 8.000 en Belgique. « Le dérapage est une notion imposée par le bien-pensant à celui qui pense mal. »

« Il n’y a plus de débat, car il n’y a plus d’affrontement rationnel. Il n’y a plus que des prêtres qui prêchent, qui donnent des leçons de morale et qui excommunient à tout-va », a-t-il lancé aux quelque 150 personnes réunies pour l’écouter mardi midi, avant de présenter son livre de 544 pages narrant le déclin, selon lui, de la France lors des quarante dernières années.

Un peu plus tard, face à la presse uniquement cette fois, il est brièvement revenu sur l’annulation de la séance de dédicace qu’il devait donner mardi après-midi dans la librairie Filigranes. « J’observe cela comme une maladie antidémocratique au nom de la liberté », s’est-il contenté de commenter. « Il y a beaucoup de choses que les gens disent qui m’exaspèrent. Mais c’est ça la démocratie. Je ne cherche pas à les interdire de parler. »

En effet, la librairie Filigranes a décidé vendredi dernier d’annuler la séance de dédicaces du journaliste politique français, qui devait se tenir aujourd’hui. La direction redoutait des manifestations de groupuscules extrémistes, liées à la venue du polémiste à Bruxelles. Elle craignait notamment pour la sécurité de son personnel.

La direction regrettait alors d’avoir été contrainte d’annuler l’événement. Elle estime que la liberté d’expression est menacée par ce type de « dérive ». « Le rôle du libraire est de proposer des choix à ses clients en fonction de l’offre et non de voir ce qui peut se vendre ou non », a souligné Alexis Chaperon.

La librairie Filigranes avait été informée par la police de la venue annoncée de groupuscules d’extrême droite et d’extrême gauche aux différents endroits où devait se rendre ce mardi Eric Zemmour. L’annulation de la séance de dédicaces n’avait toutefois pas été demandée par la police, selon Filigranes.

Le fondateur de la librairie Filigranes Marc Filipson avait déclaré le 23 décembre qu’il maintenait son invitation, mais que celle-ci ne serait confirmée que la veille ou le jour-même. « La séance de dédicaces est confirmée. Elle n’est pas une présentation au podium ou une plate-forme de débat. Mais il va de soi que si la Ville de Bruxelles estime qu’il y a trop de menaces, on ne le fera pas », avait-il réagi.

Le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur (PS) avait annoncé pour sa part qu’il ne donnerait pas suite à la demande d’interdire la venue de Zemmour à Bruxelles.

Finalement, Eric Zemmour se rendra au B19 Country Club de Uccle vers 18h30 pour un débat.

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