François Englert qui a reçu avec son collègue anglais Peter Higgs le prix Nobel de Physique s’est dit très heureux lors de la conférence de presse tout en lançant un vibrant hommage à son collègue et ami Robert Brout décédé en 2011.
C’est un François Englert souriant et vêtu d’un simple pull bordeaux qui a été longuement applaudi lors de son arrivée à la conférence de presse. Entouré du recteur de l’ULB Didier Viviers et d’Elio Di Rupo, le scientifique s’est dit mardi très heureux de recevoir le Prix Nobel de Physique pour ses travaux relatifs au Boson de Brout-Englert-Higgs, mais a toutefois émis le regret de ne pas pouvoir le partager avec son « collègue et ami » Robert Brout, décédé en 2011, avec lequel il a développé sa théorie durant les années 1960.
« J’aurais tellement souhaité qu’il soit là pour partager cette récompense pour un travail que nous avons réalisé ensemble », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’ULB en présence du Premier ministre Elio Di Rupo.
« J’étais persuadé que je n’aurais pas le prix »
François Englert, premier Belge à décrocher le Prix Nobel de Physique, a tenu « à transmettre toutes ses félicitations à Peter Higgs, qui a fait un excellent travail que j’apprécie beaucoup, même si nous n’avons pas vraiment eu de collaboration ensemble ». Les deux physiciens se sont en effet rencontrés pour la première fois en 2012 au CERN. « Le Prix Nobel est un prix très prestigieux », reconnaît-il. A la question de savoir si un tel prix constitue la plus grande reconnaissance pour un physicien, François Englert a répondu: « Si on le dit, c’est que cela doit être vrai! « .
Avec le retard qu’a pris mardi matin la délibération du Comité Nobel, le physicien a confié « être persuadé qu’il n’aurait pas le prix ». Tellement persuadé , qu’entouré de sa famille il s’est décidé de tout même fêté ça en fabriquant sa spécialité : des toast à la banane. « Et puis le téléphone a sonné pour annoncer la bonne nouvelle ».
Le physicien a également remercié toutes les personnes et les institutions qui l’ont aidé à parvenir à cette découverte, dont notamment l’ULB -où il est toujours professeur émérite à l’âge de 80 ans-, l’UCL et la KUL, et de manière plus générale le monde universitaire belge. « L’ULB m’a accueilli et supporté avec gentillesse, ce que j’ai fort apprécié », a-t-il confié.
Le recteur de l’ULB Didier Viviers s’est quant à lui félicité du coup de projecteur que ce Prix Nobel a mis sur les recherches de son université et a évoqué la mémoire de Robert Brout, qui provient lui aussi de l’université bruxelloise et qui « a mené cette aventure main dans la main avec François Englert ». « Toute la communauté scientifique de l’ULB est très fière pour lui », a conclu Didier Viviers.
Et pour ceux pour qui tout cela reste obscur voici une vidéo de 3 minutes pour comprendre le Boson de Higgs …
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Robert Brout, l’autre physicien belge à l’origine du mécanisme de Brout-Englert-Higgs
Le physicien belge Robert Brout, né en 1928 et décédé en 2011, est l’autre physicien belge qui a travaillé et donné son nom au fameux mécanisme de Brout-Englert-Higgs considéré par les physiciens comme la clef de voûte de la structure fondamentale de la matière, soit la particule qui donne leur masse à d’autres particules élémentaires selon la théorie dite du « Modèle standard ». Il était né en 1928 à New York et avait décroché un doctorat en physique à l’université de Columbia en 1953, rappelle le site internet du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, basée en Suisse.
Devenu professeur à l’université américaine de Cornell, dans l’Etat de New York, Robert Brout y rencontre François Englert, autre physicien belge qui deviendra son ami et avec qui il entame une longue collaboration scientifique. En 1961, il arrive à Bruxelles avec sa famille et est engagé comme professeur à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Avec Englert, il y dirigera le Service de Physique théorique. En 1964, Robert Brout publie avec François Englert un article intitulé « Broken Symmetry and the Mass of Gauge Vector Mesons » dans lequel ils formulent une théorie sur le mécanisme de brisure de symétrie. Le boson scalaire explique, via ce mécanisme, pourquoi certaines particules ont une masse et d’autres pas. Ils précédèrent ainsi de peu Peter Higgs et le trio américano-britannique composé de Gerald Guralnik, Carl Richard Hagen et Thomas Kibble. Ces chercheurs sont tous arrivés indépendamment aux mêmes conclusions la même année. Ses travaux furent récompensés par plusieurs prix, le Prix de la Société européenne de physique, le prix Wolf et le prix Sakurai.
Robert Brout, dont la personnalité chaleureuse et enthousiaste a marqué beaucoup d’étudiants, a contribué de façon importante aux avancées réalisées en physique théorique. On retiendra aussi son travail pionnier en cosmologie. Il est décédé le 3 mai 2011 dans sa maison de Linkebeek, en périphérie bruxelloise.