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« Elio Di Rupo joue contre le PS »

Le Vif

Dans une note de réflexion adressée notamment aux sympathisants de sa section, à Binche, le président honoraire PS du Parlement wallon, Willy Burgeon, déplore « le vedettariat organisé » par Elio Di Rupo, désigné par les initiales « EDR ». Sa note « n’a d’autre but que de susciter une réaction salvatrice parmi les militants du PS . A – 9,2 % d’intentions de votes pour le PS et à moins de 100 jours des élections, ça me semble urgent. » En voici les extraits les plus révélateurs.

« Le 4 décembre 2011, au congrès général du Parti Socialiste, comprenant des centaines de personnes bien conditionnées pour accepter, j’avais été le seul à voter contre le projet de gouvernement EDR, déjà fort marqué à droite, car je prévoyais que le Parti Socialiste allait se sacrifier pour satisfaire l’ambition d’un seul homme. Maintenant que les sondages indiquent une perte de 9,2 % du PS depuis les élections fédérales de juin 2010, je constate que je ne me suis pas trompé. Hélas, suis-je tenté de dire.

Le vedettariat organisé par EDR agit comme un écran de fumée et ôte tout sens des réalités à trop de militants. Un fossé existe objectivement entre le PS, en fin de compte comptable des sièges (-6) et son Premier ministre-co-Président du PS adulé par la presse belgicaine. La preuve ? La perte de deux sièges en Hainaut, fief d’EDR et de Paul Magnette, renforce la démonstration. Paul Magnette, qui possède pourtant un énorme potentiel, est réduit à un rôle technique et de directeur de campagne pour valoriser EDR.

Des réformes ?

« Réforme », je crains ce mot car il signifie recul pour les francophones et les moins nantis et renoncement par le PS de ses promesses électorales les plus fermes, voire même de ses tabous. En veut-on des exemples ?

La solidarité dans le pays est bafouée par le transfert de 20 % de la sécurité sociale déclarée intangible et l’extinction de la solidarité interrégionale au bout de dix ans avec appauvrissement de la Wallonie à la clé. L’index a été lissé malgré le blocage des salaires et au détriment de la consommation.

La dégressivité des allocations de chômage, alors que délocalisations et faillites se multiplient, ajoute de la misère à la misère, est scandaleuse et aurait mérité la sortie du gouvernement d’un vrai parti socialiste.

Le Président de la Chambre (PS) [NDLR : André Flahaut] a cédé au poujadisme en fustigeant le statut social de ses parlementaires. Du jamais vu ! Il en résulte que les plus expérimentés et les plus compétents filent vers d’autres cieux et que les jeunes hésiteront à s’engager sur cette voie hasardeuse. Sans réaction d’aucun des élus qui n’ont jamais eu le courage d’évoquer les dépenses auxquelles ils doivent faire face ni la somme de travail qu’ils doivent assumer. La structure pyramidale des partis explique la précarité de leur sort et leur inertie.(Cfr. celui de la CDH Anne Delvaux).

Le PS s’enorgueillit d’avoir joué la défense, mais devant le goal, c’est la droite qui a marqué les buts et le score se fixe pour le moment à – 9,2 % ! Et l’inertie continue dans les rangs !?!?!. Du suicide lent ! La presse belgicaine abandonne le PS à son sort, encense EDR, le serviteur du système, et stimule le PTB qui taille des croupières au grand parti des travailleurs. Des centrales de la FGTB se rallient au PTB et les cadres de ce syndicat, restés fidèles au PS, sont mis en difficultés par leur base. L’Action Commune Socialiste est en danger ! Voilà le résultat de la brillante politique du Premier ministre qui suscite les applaudissements des assemblées aveugles du PS.

La croissance est insuffisante et il faut s’attendre à des coupes sanglantes pour le budget 2015 qui suivra les élections. Le pire reste à venir. La formation d’un gouvernement EDR 2 coûterait plus cher encore que EDR 1.

La vocation du PS n’est pas de rester éternellement au gouvernement et de tout renier pour ça. L’avènement d’un gouvernement de droite se prépare, il a de la marge, les chiffres en attestent : sièges à la Chambre selon le sondage paru le 14/02/2014 : NVA : 33, MR :18,CD&V :18, Open Vld : 12, CdH : 9 = 90 sièges sur 150 ! Le MR n’a jamais hésité à tout renier pour participer au pouvoir.

Comme il n’y aura pas de révision de la Constitution, on n’aura pas besoin de majorité qualifiée dans les groupes linguistiques mais, dans le groupe francophone, cette majorité pourrait être atteinte avec le MR : 18, CdH : 9 et Ecolo :8 (On a déjà tout vu !) soit 35 sur 62 sièges.

On prévoit 4 sièges pour le PTB. Cela est dû à la qualité de ses cadres, de ses analyses et de sa présence sur le terrain. Par exemple, il a dénoncé la faible fiscalité des grosses entreprises. Par contre, on l’attend quand il faudra aborder les inévitables problèmes communautaires.

Mettre le PS dans l’opposition est le fantasme du belgicanisme pour continuer à imposer une austérité de type européen. Je sais, d’expérience, qu’une telle éventualité ressourcerait mon parti, le mettrait aux côtés des travailleurs et des allocataires sociaux, le purgerait de ses parasites. Ce serait le grand retour !

Le 17/02/2014, Willy Burgeon, Président Honoraire du Parlement wallon, militant socialiste… malgré tout

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