DHL © Reuters

DHL va tripler ses activités à Zaventem. Et les nuisances sonores aussi?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Le transporteur express investit 114 millions d’euros dans une nouvelle plate-forme à l’aéroport de Bruxelles National. Sans accroître le nombre de vols de nuit, jure-t-il. Sa feuille de route, dévoilée par Le Vif/L’Express, assure pourtant le contraire : ils augmenteront de 57 % d’ici à 2020…

C’est le retour de l’enfant prodigue-qui-n’est-jamais-totalement parti. L’important investissement – à hauteur de 114 millions d’euros – que le transporteur DHL s’apprête à réaliser sur le site de l’aéroport de Bruxelles National constitue une curieuse pirouette de l’histoire : en 2004, après un long bras de fer avec le gouvernement Verhofstadt, le distributeur de colis avait annoncé qu’il quitterait en partie Bruxelles, quelques années plus tard, au profit de Leipzig. Motif de son courroux : il n’avait pas obtenu que le nombre de vols de nuit autorisés soit revu à la hausse.

Nous sommes en 2015 : coucou, le revoilou ! DHL est accueillie à bras ouverts par la direction de l’aéroport de Bruxelles National, toujours soucieuse de développer les affaires, et certains représentants politiques. Parmi les déçus et/ou inquiets, les associations de riverains et les Bruxellois, lorsqu’ils sont informés du projet, du moins. Le mouvement citoyen Pas Question ! s’étonne du peu de réactions, à ce stade, de l’ensemble des associations de défense des victimes du survol de Bruxelles par rapport aux projets de redéveloppement de DHL dans la capitale. « Il s’agit d’un non-sens économique et environnemental, car inévitablement, une augmentation du trafic de nuit s’ensuivra, alors que l’on sait que c’est dans cette tranche horaire que les nuisances causées aux citoyens sont les plus graves », précise son porte-parole.

Pourrait-il en être autrement ? Lorsque le projet de nouveau hub (plate-forme de correspondance) de DHL se sera concrétisé, d’ici à deux ans, 39 500 envois y seront traités chaque heure, pour 12 000 actuellement. Ils transiteront par un nouveau centre de tri de 31 500 m2, où s’activeront d’ici à 2020, promet DHL, quelque 200 nouveaux employés.

Il faudra bien toutefois que cette masse de colis triés prenne ensuite le chemin du ciel. Dans quel type d’avions ? Des appareils plus grands ? « Nous continuons d’investir dans des avions silencieux (sic) mais à l’heure actuelle, il y a trop d’inconnues pour confirmer ou infirmer que nous utiliserons des avions plus grands », indique Ann Van Hooydonck, la porte-parole de DHL. La feuille de route que DHL Express a présentée aux autorités politiques à la fin de l’année 2014 est pourtant nettement plus explicite : selon ce document que Le Vif/L’Express s’est procuré, DHL remplacera ses avions de plus petite capacité par des appareils de plus gros calibre. Les Boeing 757 seront donc troqués contre des 767 et des Airbus 300. Le recours à ce type d’avions ne pourra se faire que de jour, leur Quota Count (volume de bruit émis par appareil) au décollage étant supérieur à 8, la marge maximale tolérée par la législation belge pour les vols de nuit.

Des vols de jour en sus sont effectivement annoncés par la firme de courrier express. Combien ? « Il est impossible à DHL de répondre à cette question », assure sa porte-parole. Des avions supplémentaires, estampillés aux couleurs du transporteur, voleront-ils de nuit ? « Nous n’augmenterons pas les décollages de nuit », jure toujours cette porte-parole, rejointe par Arnaud Feist, le patron de Brussels Airport Company. Etrange. Car la feuille de route de DHL prévoit bien le contraire : entre 2013 et 2020, le nombre de vols de nuit augmentera… de 57 %.

Les organisations de défense de riverains Pas Question et Actie Noordrand ont décidé d’exiger de la société DHL qu’elle suspende immédiatement son projet de construction d’un nouveau hub à l’aéroport de Bruxelles-National.

L’alliance de ces deux organisations constitue une première.

Pour ces deux mouvements, qui s’en sont expliqués par voie de communiqué, l’accroissement des opérations de DHL est incompatible avec « l’engagement du gouvernement fédéral d’assurer une gestion durable de l’aéroport, ainsi qu’avec le droit fondamental de l’ensemble des citoyens survolés au respect de leur santé ».

Pas Question et Actie Noordrand exigent en conséquence de DHL, de Brussels Airport et du Gouvernement fédéral, qu’ils prennent leurs responsabilités, et abandonnent sans délai ce projet de développement de DHL à Bruxelles.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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