Désertec, le mégaprojet énergétique qui aurait fait rêver Jules Verne…

Les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont-ils notre assurance « approvisionnement énergétique » pour le futur ? Les partenaires du consortium Désertec sont décidés à investir des sommes colossales dans un projet qui fait rêver les uns et ricaner les autres…

L’idée a germé d’une affirmation du physicien allemand Gerhard Knies qui la martèle comme une litanie : « En six heures, les déserts reçoivent du soleil plus d’énergie que celle consommée par l’humanité en une année. » Gerhard Knies est le fondateur de la TREC, la Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation, fondée en 2003 par le Club de Rome et qui, six années plus tard, a donné lieu – grâce notamment au soutien de l’Allemagne – à la création de la Fondation Désertec. Outre plusieurs Etats méditerranéens, celle-ci compte parmi ses partenaires de puissants groupes comme E.ON, Saint-Gobain, Siemens, Deutsche Bank, etc.

La philosophie de Désertec tient en quelques mots : créer, dans les déserts d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient un vaste réseau de production d’électricité au départ de champs éoliens et de centrales solaires thermiques, le but étant d’alimenter non seulement les pays concernés en énergie propre, mais également l’Europe à hauteur d’une quinzaine de pour cent de ses besoins. Le tout, en créant des emplois à chaque maillon de cette immense chaîne énergétique. Les chiffres cités dans le cadre de ce projet n’ont plus rien d’humain: on s’exprime ici en terrawattheures (TWh), on parle de milliers de kilomètres carrés de miroirs solaires et le montant de l’investissement total culmine à … 400 milliards d’euros!

Bref, on fait dans la démesure, mais le projet a de quoi séduire. Et ce, d’autant plus que des mégacentrales solaires commencent à éclore, notamment aux Etats-Unis et en Espagne.

L’exemple espagnol

L’inauguration, au début octobre, d’une centrale solaire thermique près de Séville, en Espagne, constitue en effet un pas important dans la mise au point de mégaprojets solaires, même si cette première réalisation ne fait pas partie du programme Désertec.

La centrale Gemasolar a été construite avec des capitaux espagnols et des fonds venus d’Abou Dhabi (40 %), de la société Masdar qui ne cesse d’investir des sommes colossales dans le domaine des énergies vertes. Cette impressionnante réalisation, dont les 2 650 miroirs couvrent 185 hectares au sol, fonctionne différemment des installations solaires photovoltaïques que nous connaissons chez nous. Ici, pas de panneaux solaires qui  » fabriquent  » de l’électricité: ce sont des miroirs pivotants (pour suivre constamment le soleil) qui captent les rayons solaires. Ils les concentrent vers une tour centrale dans laquelle circule un fluide (du sel fondu) qui est ainsi chauffé à plus de 500 degrés. Ce sel réchauffe à son tour de l’eau qui se transforme en vapeur, laquelle entraîne une turbine qui produit du courant.

Cette centrale, d’une puissance de 19,9 MW pour une production attendue de 11 GWh par an, présente la caractéristique intéressante de réchauffer une telle quantité de sel (8 500 tonnes) qu’elle peut continuer à produire de l’électricité durant 15 heures si l’astre du jour ne se montre pas!

Démarrage au Maroc

De son côté, Désertec semble décidé à passer à la phase opérationnelle également puisque son PDG Paul van Son a annoncé 24 heures après l’inauguration espagnole que la première réalisation du vaste projet débutera au Maroc en 2012. Il s’agira d’une centrale solaire thermique d’un montant de 800 millions de dollars qui constituera donc le premier maillon du futur réseau. Au Maroc, on souligne que ce choix s’imposait d’autant plus que le pays est déjà engagé dans un programme ambitieux et qu’il est, en outre, relié à l’Europe par deux câbles sous-marins. Le programme élaboré par le royaume chérifien prévoit que les besoins en électricité du pays seront couverts à un peu plus de 40 % par le solaire, l’hydraulique et l’éolien à l’horizon 2020.

Francis Groff

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