Carte blanche

Des poussettes contre la pollution de l’air

Il y a aujourd’hui consensus pour dire que les niveaux de pollution observés dans la capitale mettent en danger la vie même de ses citoyens. Nos enfants sont les premières victimes de cette pollution.

Une enquête de grande ampleur a récemment mis en évidence que la pollution de l’air constitue l’un des principaux éléments d’insatisfaction des Bruxellois[1]. Ce n’est pas étonnant : à l’échelle de la Belgique, celle-ci est responsable de 12 000 décès prématurés par an[2]. Elle est également source de nombreux problèmes cardiovasculaires et de maladies respiratoires qui pèsent lourdement sur notre bien-être et nos finances publiques.

Alors que les médias se font régulièrement le relais de vibrants appels à l’action de ses habitants[3], les infractions de la Région de Bruxelles-Capitale aux normes européennes lui valent d’être traînée devant les tribunaux tant par ses propres citoyens que par la Commission européenne[4]. Il y a aujourd’hui consensus pour dire que les niveaux de pollution observés dans la capitale mettent en danger la vie même de ses citoyens.

Les enfants en première ligne

Nos enfants sont les premières victimes de cette pollution. De nombreuses études soulignent l’impact disproportionné qu’a sur eux la pollution de l’air[5]. En raison de leur taille, de leur fréquence respiratoire et de la plus grande perméabilité de leur organisme aux polluants qu’ils respirent, les enfants sont en effet bien plus affectés que les adultes. De plus, leurs organes étant encore en développement, ils subiront les conséquences de cette pollution pendant toute leur vie.

Les effets néfastes de la pollution de l’air sur les enfants peuvent être observés dès la grossesse et sont par exemple associés à un poids plus faible à la naissance ou à une naissance prématurée. Ils influencent ensuite leur système respiratoire, causant bronchites, asthme, et réduction de la capacité pulmonaire, mais aussi leur système cardiovasculaire, immunitaire et hormonal – une exposition à la pollution de l’air dès le plus jeune âge peut par exemple augmenter le risque de diabète. De récentes études, certaines menées sur des écoliers belges, démontrent même que la pollution de l’air affecte jusqu’à leur développement neurologique et leurs performances cognitives, et ce même à des niveaux de pollution inférieurs aux normes européennes (qui sont bien moins contraignantes que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé).

Nos enfants sont les premières victimes de la pollution de l’air.

La situation et ses conséquences sont connues depuis longtemps. Pourtant, aujourd’hui encore, nos enfants dorment, étudient et jouent en respirant un air pollué qui met en danger leur santé. Pourquoi ?

Quelles excuses pouvons-nous encore utiliser pour justifier les mesures trop timides prises pour réduire fortement le trafic routier dans les zones urbaines densément peuplées, en particulier à proximité des crèches, des écoles et des hôpitaux ? Quel argument socio-économique est-il encore possible d’opposer à l’abandon des subsides massifs que nous accordons aux voitures de société ? Qu’attendons-nous pour prendre des décisions ambitieuses pour encourager la rénovation énergétique des bâtiments et ainsi réduire drastiquement les émissions de polluants liées au chauffage ? Tous les niveaux de pouvoir sont concernés, mais chacun se renvoie la balle de l’inaction. Cela ne peut plus durer.

Pour nous assurer un air propre, les mesures sont désordonnées et trop peu ambitieuses

Certaines mesures sont prises et vont dans le bon sens. La mise en oeuvre en janvier 2018 d’une zone basse émission dans la capitale doit ainsi être saluée, même si celle-ci aura une portée plus symbolique qu’un réel impact sur la qualité de l’air. De même, les avancées timides en matière de redistribution de l’espace public en faveur des modes de déplacement non-polluants à Bruxelles sont autant de victoires face à la pollution de l’air. Toutefois, à l’aune de ce qui est nécessaire pour permettre à nos enfants de respirer un air sain (respectant les normes de l’Organisation mondiale de la santé), ces mesures manquent cruellement d’ambition et doivent être rapidement revues à la hausse.

Heureusement, de plus en plus de citoyens se lèvent pour dénoncer le scandale sanitaire auquel nous sommes tous confrontés. En janvier dernier, ils étaient plus de 400 à répondre à notre appel à la mobilisation. Au cours d’une action symbolique, nous avions alors couvert de masques protecteurs plus d’une centaine de statues bruxelloises. La question de la pollution de l’air a également beaucoup fait parler d’elle lors de l’initiative des Cabinets citoyens/Burgerskabinet, au cours de laquelle elle est à chaque fois arrivée dans les premières priorités identifiées par les Bruxellois pour améliorer leur région.

La première « Brussels Stroller parade », un remède contre l’inaction ?

Face à ces constats et au manque d’action politique en la matière, nous, habitants de Bruxelles, prenons une nouvelle fois l’initiative d’organiser une mobilisation citoyenne pour sensibiliser nos décideurs politiques à l’impact de la pollution de l’air sur nos enfants.

Cette première « Brussels Stroller Parade » (parade de poussettes) aura lieu le 17 juin prochain et est ouverte à toutes et à tous jeunes et moins jeunes, parents ou non. Elle démarrera à 10h au Rond-point Schuman, sera menée par les premiers concernés, nos enfants, et se terminera par un pique-nique libre dans le parc du Cinquantenaire. Nous vous y attendons nombreux pour exiger un air respirable !

Retrouvez plus d’informations sur notre page Facebook (https://www.facebook.com/bruxselair/) et sur notre site internet (www.bruxselair.org).

Une carte blanche du groupe citoyen BruxselAIR

[1] Voir : http://ibsa.brussels/publications/titres/a-la-une/avril-2017-les-bruxellois-sont-ils-satisfaits-de-leur-cadre-de-vie

[2] Voir : https://www.eea.europa.eu/fr/pressroom/newsreleases/de-nombreux-europeens-restent-exposes/mortalite-prematuree-imputable-a-la

[3] Voir : http://www.lesoir.be/1442864/article/debats/cartes-blanches/2017-02-18/laissez-respirer-bruxelles et http://mobile.lesoir.be/1322823/article/debats/cartes-blanches/2016-09-21/carte-blanche-inacceptable-mourir-cause-l-air-qu-on-respire

[4] Voir : https://www.rtbf.be/info/regions/detail_depot-d-une-plainte-contre-bruxelles-pour-la-pollution-de-l-air-dans-la-capitale?id=9409851 et http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5197_fr.htm

[5]https://www.unicef.org/french/media/me dia_92979.html

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