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Des écoutes suggèrent l’implication du roi Albert II dans un dossier connexe au Kazakhgate

Des écoutes téléphoniques réalisées par la justice française suggèrent l’implication du roi Albert II dans un dossier évoqué par la commission d’enquête parlementaire Kazakhgate, celui de la tentative d’anoblissement du milliardaire belge actif au Congo George Forrest, rapporte mardi le journal Le Monde.

Ce dossier d’anoblissement de George Forrest, susceptible d’offrir des facilités dans certains cercles politico-industriels français, a déjà été évoqué en commission d’enquête lorsque l’ancien ambassadeur au Vatican, Charles Ghislain, a confirmé avoir relayé auprès du cabinet du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders (MR), l’implication dans le Kazakhgate du principal quémandeur de cet anoblissement, Jean-François Étienne des Rosaies, conseiller du président Nicolas Sarkozy. Celui-ci était également conseiller de l’Ordre de Malte, organisation basée à Rome, ce qui explique la sollicitation auprès de l’ambassadeur au Vatican. Selon un courriel, Charles Ghislain dit avoir reçu un « savon » de la part du ministre Reynders, après cette mise en garde. La fin de sa carrière en pâtit.

Or, Jean-François Étienne des Rosaies s’est précisément retrouvé au coeur d’écoutes téléphoniques à Paris dans le cadre de l’enquête sur le Kazakhgate. Celles-ci éclaircissent les circonstances qui ont, selon les enquêteurs, amené George Forrest à payer un montant de 95.000 euros au conseiller de M. Sarkozy et de l’Ordre de Malte afin qu’il intervienne auprès du roi Albert II pour qu’il lui procure un titre de baron.

Les écoutes qu’évoque le journal Le Monde font référence à un historique de courriels dans lesquels on évoque – à travers un de ses amis François de Radiguès – le rôle du roi Albert II auprès du comité d’anoblissement, afin que l’on remette « une belle décoration à M. Forrest ». Le plaidoyer est porté auprès du ministre des Affaires étrangères de 2010, Steven Van Ackere (CD&V).

Toujours selon les écoutes de M. des Rosaies, dont le patron de l’époque à l’Élysée, Claude Guéant, a loué les qualités en commission d’enquête, George Forrest revient à la charge car il n’a obtenu en 2012 que le grade de commandeur dans l’Ordre de Léopold. M. de Radiguès, indique avoir réitéré auprès d’Albert II la demande d’intercéder pour que M. Forrest puisse obtenir le titre de baron, le roi se réservant alors « le droit d’user de son droit régalien » selon une formule laissant le soin au ministre de proposer la faveur nobiliaire. L’affaire fut toutefois barrée au comité d’anoblissement par un chef de cabinet au fait de la réputation sulfureuse du milliardaire dans ses affaires africaines.

L’entourage de George Forrest se démena alors tant et plus, Jean-François Étienne des Rosaies faisant jouer ses relations à l’Ordre de Malte et auprès de Claude Guéant, devenu avocat. En avril 2014, George Forrest finit par obtenir la distinction de grand officier de l’Ordre de la Couronne.

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