Olivier Rogeau

Derrière l’abdication, la question des pouvoirs royaux

Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Un roi « fatigué », un prince héritier « prêt à régner », une abdication qui n’est plus un tabou : le temps est-il venu, dans la foulée des Pays-Bas, de donner un coup de jeune à la monarchie belge ? Et de réformer les pouvoirs royaux ?

Au Nord comme au Sud de l’Europe, les monarchies connaissent des heures chaudes cette année. Chez nos voisins néerlandais, la reine Beatrix a abdiqué en faveur de son fils, Willem-Alexander, sur fond de fièvre orange provoquée par le changement de souverain. En Espagne, l’étau judiciaire se resserre autour de la monarchie : après l’inculpation du gendre du roi, fin 2011, l’épouse d’Inaki Urdangarin, l’infante Cristina, est accusée d’avoir cautionné des détournements de fonds publics. A tel point que de plus en plus de voix s’élèvent pour demander une abdication de Juan Carlos au profit du prince Felipe.

En Belgique aussi, une possible abdication prochaine du souverain est de plus en plus évoquée ces temps-ci. La monarchie belge ne vit certes pas une tourmente comparable à celle qui secoue en ce moment la famille royale espagnole, mais on dit Albert II « fatigué ». Il aura 79 ans le 6 juin prochain et ses vingt ans de règne seront célébrés le 21 juillet. Le temps est-il venu de suivre l’exemple donné par le reine Beatrix ? L’heure de la retraite sonnera-t-elle cette année encore ? Le Palais affirme toujours qu’ « une abdication n’est pas à l’ordre du jour ». Et certains, dans le monde politique, laissent entendre que le roi devra attendra que les élections de mai 2014 soient derrière nous. Mais l’abdication du roi des Belges n’est plus un tabou. Et le prince Philippe se montre prêt à prendre la relève.

D’autant que, ces derniers mois, le cabinet royal n’a pas donné une image de grand dynamisme. La famille royale a multiplié les maladresses et a peiné à faire face aux révélations médiatiques. Elle a, bien souvent, réagi avec retard ou en ordre dispersé. Parmi les derniers remous en date, il y a eu la mise en garde « contre les discours populistes » contenue dans le message de Noël du roi. Elle a été perçue au nord du pays comme une attaque en règle contre les nationalistes flamands. Puis il y a eu la polémique autour de la fondation mort-née de la reine Fabiola. Ces couacs à répétition sont perçus comme les signes d’une ambiance de fin de règne. L’entourage du roi Albert II, qui compte plusieurs conseillers âgés, serait dépassé par les événements et peu soucieux de repenser son mode de fonctionnement.

Abdication prochaine ou pas, c’est surtout l’avenir des pouvoirs royaux qui est aujourd’hui en jeu. A cela s’ajoute le volet financier, autrement dit le coût de la monarchie. Les séparatistes flamands ne cachent pas leur volonté de faire disparaître l’institution. Et, dans un premier temps, de réduire le rôle du roi à une fonction beaucoup plus protocolaire, comme aux Pays-Bas. L’Open VLD et le SP.A plaident, eux aussi, pour une réforme des pouvoirs royaux. Reste à voir si cette réforme pourrait être appliquée dès l’accession au trône de Philippe.

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