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#DailyRacism: « Beaucoup de Flamands ne réalisent pas que nègre est un mot raciste »

Jan Herregods

Il y a quelques jours, le politologue et philosophe Bleri Lleshi a lancé le hashtag #dailyracism sur Twitter et Facebook pour rassembler les témoignages de victimes de racisme. Nos confrères de Knack l’ont interrogé sur son initiative.

Pourquoi avez-vous lancé #DailyRacism ?

Bleri Lleshi: « J’ai lancé le hashtag parce que nulle part en Europe le racisme ne pose un plus grand problème qu’en Belgique. C’est ce que nous voyons dans les chiffres sur le racisme dans l’enseignement et sur le marché du travail où la Belgique est à chaque fois dernière de la classe. En outre, les chiffres européens démontrent que la très grande majorité de personnes victimes de racisme ne le signalent nulle part.

C’est dû au fait que les personnes issues de l’immigration ne font pas confiance aux politiques, à la police ou à d’autres instances telles que le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme ou le Minderhedenforum (le Forum des Minorités), etc. Comme le montre le grand nombre de témoignages sur Facebook et Twitter, le problème est donc toujours sous-estimé. Par cette action, nous désirons montrer les différentes formes de racisme. Il est impossible d’encore nier ou de relativiser le racisme ».

Qu’entendez-vous par « racisme quotidien »?

 » Il y a des histoires poignantes de discrimination sur le marché du travail parce que les personnes concernées ne sont pas blanches ou issues de l’immigration. Il y a des jeunes qui ne trouvent pas de kot parce qu’ils ont une origine ou une religion différente. Il y a des mères qui témoignent comment leurs enfants sont injustement orientés vers l’enseignement professionnel, uniquement sur base de leur nom de famille. Mais il y a aussi des personnes qui utilisent des mots tels que « nègre » et « macaque ». Ce sont des termes racistes, mais beaucoup de gens en Flandre n’ont pas l’air de s’en rendre compte.

« Que peut faire concrètement l’état contre le racisme et la discrimination?

« L’état peut faire beaucoup, à commencer par une loi anti-discrimination solide, car l’actuelle est beaucoup trop faible. Il est scandaleux que depuis l’entrée en vigueur de la loi anti-discrimination en 2007, l’inspection sociale n’ait dressé qu’un seul procès-verbal pour discrimination sur le marché du travail.

L’état, le Forum des Minorités, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et la police doivent faire en sorte que les gens confrontés au racisme et à la discrimination puissent les dénoncer quelque part. Ils le feront s’ils savent que l’état prend le racisme au sérieux, ce qui n’est pas le cas actuellement.

L’enseignement constitue un deuxième point important. Beaucoup de gens ne sont pas conscients de ce qu’est le racisme. Pour le devenir, nous devons connaître l’histoire du racisme, des croisades, de la supériorité blanche et du colonialisme jusqu’à aujourd’hui. Le roi Léopold II n’est pas l’homme qui a apporté la civilisation au Congo, mais l’homme responsable de l’un des pires génocides de l’histoire de l’humanité. Il faut donc que nous soyons conscients des préjugés, stéréotypes, discrimination et des racines du racisme. Le racisme est un phénomène social contre lequel nous pouvons lutter par l’enseignement.

En tant que citoyens, nous avons également un rôle à jouer. C’est pourquoi j’ai lancé #DailyRacism. Le racisme n’est pas seulement le problème de personnes issues de l’immigration, mais de nous tous. Il est important que nous ne tolérions pas le racisme et que nous nous y opposions fortement.

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