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Commerce indépendant: l’UCM wallonne tire la sonnette d’alarme

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Le commerce indépendant de proximité vit une situation catastrophique, selon l’UCM (Union des Classes moyennes), qui souligne que, dans les grandes villes wallonnes, une vitrine sur cinq est vide…

Le commerçant indépendant de proximité wallon est courageux, volontaire et… indépendant. C’est ce qui ressort, sans trop de surprise, d’une enquête menée par l’Union des Classes moyennes (UCM) auprès de ses membres. Ceux-ci seraient en outre assez contents d’eux: tout ce qui leur arrive de bien c’est grâce à eux, et tout ce qui ne va pas n’est pas de leur faute.

Les menaces de la périphérie

Selon l’enquête, ces commerçants wallons (épiceries, boulangeries, boucheries, électro-ménager, coiffeurs, cafetiers, pharmaciens, restaurateurs et autres, bref tous ces commerces qui disposent d’une vitrine) sont plutôt pessimistes quant à leur avenir. Ils sont ainsi 62% à estimer que, de façon générale, le commerce indépendant est menacé, voire en péril pour 22% d’entre eux (500 commerçants interrogés), tandis que 16% estiment que le secteur est plutôt en bonne santé.

Pour appuyer leur ressenti négatif, ils citent (pour 51% d’entre eux) la diminution du panier moyen, soit le total des achats par client, la diminution de la fréquentation (40%) ou encore la diminution du nombre de clients (32%). Leur explication, outre bien sûr la crise et son impact sur le pouvoir d’achat: l’accessibilité, le manque de parking, et l’insécurité, trois causes reprises par près d’un tiers des commerçants. Toujours sans surprise… L’inventaire des menaces qui, selon eux, planent sur leur activité semble plus riche d’enseignements: le développement des magasins franchisés de proximité (Delhaize Proxi ou AD, Contact ou Express chez Carrefour), la montée du hard discount (Aldi, Lidl, Trafic), le commerce sur internet, la difficulté d’accéder au crédit, la concurrence de la grande distribution, les tracasseries administratives, les taxes, le coût des charges sociales…

Les chancres commerciaux

Mais ils ne comptent pas pour autant changer leur fusil d’épaule. Plus de 80% d’entre eux ne comptent pas pratiquer l’e-commerce, qui, c’est logique, leur semble à l’opposé de leur métier (contact clientèle, qualité des produits…) Mais seuls 20% d’entre eux envisagent la création d’un site web consacré à leur enseigne… Les commerçants interrogés semblent également souffrir d’une forme d’autisme, qui peut sans doute s’expliquer par l’ampleur de leurs prestations (en moyenne 60 heures/semaine, plus les tâches administratives): la majorité d’entre eux reconnaissent en effet ne pas se soucier du paysage concurrentiel, ni dans leur quartier, ni dans leur ville ou leur région de chalandise. Et quand on leur met le nez dans les causes de leur insuccès, dit l’UCM, ils ne veulent rien entendre.

L’UCM appelle dès lors à plus de professionnalisation, et signale les services qu’elle peut rendre (études de marché, accompagnement individuel, promotion). Elle tire également la sonnette d’alarme: de 2008 à 2011, le nombre d’emplois indépendants dans le commerce a chuté de 4,6%; la moyenne d’âge est en hausse; les centres-villes se vident au profit des périphéries et des grandes enseignes (« qui proposent toutes les mêmes produits », souligne Philippe Godfroid, président de l’UCM). Ce dernier constat semble particulièrement dramatique, aux yeux de l’UCM, qui précise que le taux de cellules commerciales vides dans les villes, les vitrines délaissées, atteint 13,5% en Wallonie, avec des pics de plus de 20% dans les grandes villes, une vitrine sur cinq! Or, une ville ne peut vivre que grâce à la coexistence harmonieuse de logements, de bureaux, d’établissements Horeca, d’activités culturelles… mais aussi de commerces.

MICHEL DELWICHE

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