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Comment la Wallonie va convertir ses friches en lingots d’or

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Avec plusieurs milliers de chancres visuels sur son territoire, la Wallonie dispose d’un immense réservoir foncier. Elle vient, enfin, de se doter d’un cadastre des sites à réaménager. Le Vif/L’Express dévoile en exclusivité ce vaste inventaire de 3 795 hectares.

En 2011, la Wallonie initiait une vaste mission visant à actualiser l’inventaire de ses sites à réaménager. Ce travail de longue haleine, élaboré en partenariat avec les communes, avait été confié au consortium Lepur (ULg) – Converto – Walphot. Le Vif/L’Express s’est procuré en exclusivité le cadastre désormais finalisé. Celui-ci doit encore être validé par l’administration, le 6 juin. Il identifie 2 213 sites à réaménager (SAR) en Wallonie sur les 4 156 superficies répertoriées. Chaque entrée mentionne entre autres le degré d’accès et de visibilité des zones concernées, la qualité du relief, le nombre de bâtiments, la superficie et une évaluation des installations existantes. Pour l’ensemble du territoire wallon, les sites désaffectés représentent 3 795 hectares – sans compter les zones en cours de réhabilitation et les zones à surveiller.

La définition d’un site à réaménager reste plutôt large : un bien immobilier dont le maintien dans son état actuel est contraire au bon aménagement des lieux ou constitue une déstructuration du tissu urbanisé. « Les SAR ont des profils très variés, commente le ministre de l’Aménagement du territoire, Carlo Di Antonio (CDH). Le cadastre a l’ambition d’établir un état des lieux actualisé des espaces disponibles, que ceux-ci puissent faire aisément ou non l’objet d’une reconversion. »

Quels enseignements tirer de cette précieuse feuille de route ? Logiquement, les anciens bassins industriels du Hainaut et de Liège affichent les plus grandes superficies de sites désaffectés. C’est à Charleroi que le réservoir de SAR est le plus important : 368,7 hectares, soit près de 4 % du territoire communal. « Certains terrains pourraient accueillir des microentreprises, voire du logement s’ils ne sont pas trop pollués », dévoile Paul Magnette, bourgmestre en titre de Charleroi et ministre-président wallon (PS). « Dans d’autres cas, par exemple au niveau de la Porte Ouest, les vastes connexions offrent plutôt de l’espace pour de nouvelles industries. » La première ville wallonne devance la commune rurale de Sainte-Ode, (et son gigantesque domaine de l’aérodrome militaire de Saint-Hubert, sur 187 hectares), en province de Luxembourg et La Louvière.

Derrière, la superficie de SAR est collectivement élevée à Liège et dans les communes limitrophes de Seraing, Herstal, Ans, Saint-Nicolas et Beyne-Heusay. Les sites désaffectés y occupent près de 300 hectares, toujours sans tenir compte des zones en cours de reconversion. Enfin, Namur figure également dans le top 15 avec plus de 70 hectares de friches diverses, devant Sambreville (65 hectares).

Les défis restent considérables pour le gouvernement wallon : comment financer la reconversion de ces sites avec les maigres deniers publics ? Et comment convaincre les opérateurs privés de se tourner vers des terrains où le travail de démolition couplé à une éventuelle dépollution des sols grève lourdement l’investissement ? La collaboration du secteur privé et des intercommunales de développement économique sera indispensable pour sauver les chancres qui peuvent l’être.

Le dossier et la carte des sites à réaménager dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec aussi :

  • où développer de l’activité économique et où construire du logement ?
  • comment inciter le privé et les intercommunales à se tourner vers ces sites désaffectés
  • la dépollution des sites, un parcours du combattant

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