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Comment l’élite occupe les parlements

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Qui sont les députés francophones ? Le Vif/L’Express a examiné leurs origines professionnelles. Résultat : leurs profils ressemblent peu à ceux des Belges qu’ils représentent.

Le Vif/L’Express a récolté les « fiches d’identité » des élus de la Chambre, du Sénat, des parlements wallon et bruxellois. Les chiffres se fondent sur les déclarations fournies par les élus eux-mêmes. Et ils sont sans appel : les majorités peuvent bien changer, les parlements offrent une image déformée de la diversité de la Belgique.

Ils sont majoritairement très diplômés. Et le niveau monte. Lors de la législature 1978-1981, 54 % des députés de la Chambre étaient titulaires d’un diplôme universitaire, 23 % de l’enseignement supérieur, tandis que 23 % n’avaient pas été au-delà des humanités. Trente ans plus tard, les universitaires comptent pour la très grande majorité des élus. Ce constat s’applique à tous les partis.

Ce sont des professionnels de la politique. Plus d’un tiers des députés occupaient auparavant des emplois directement en lien avec l’activité politique ou administrative : attachés parlementaires, employés de parti, membres de cabinets ministériels… C’est moins vrai au parlement wallon qu’à la Chambre. Et Ecolo et le CDH recrutent davantage d’employés et d’enseignants.

Ils suivent un parcours balisés. Dans la même logique, les députés sont recrutés dans le même terreau et leur parcours est balisé. D’abord, ils ont fait leurs premières armes avec un mandat local. Au bout du compte, les trois quarts des députés ont un mandat communal. L’entrée par la politique locale constitue aujourd’hui le sas quasi obligé pour prétendre à un mandat de député. L’autre filière de recrutement, ce sont les écuries : il s’agit par exemple d’être passé par un cabinet ministériel. Bref, il ne suffit pas (plus) d’avoir un parcours de militant exemplaire. Ce dernier laisse progressivement la place à celui qui exerce une profession en lien direct avec la politique.

Un quart sont fonctionnaires. Fonctionnaires et enseignants constituent le bataillon des classes moyennes. Rien d’étonnant : la Belgique étant l’un des rares pays d’Europe (avec la France notamment) où les fonctionnaires investis d’un mandat exécutif ont la certitude de retrouver leur poste si les urnes ne leurs sont pas favorables.

Certains profils sont exclus. Les femmes représentent au plus 41 % des députées (au parlement de la Région de Bruxelles-Capitale), alors qu’elles sont 51 % dans la société. Les jeunes (la moyenne d’âge au sein des assemblées parlementaires est de 52 ans) de moins de 25 ans et les 25-34 ans sont 10% et 20%. Et ne parlons pas du capital scolaire : si les trois quarts des députés sont universitaires, ils ne représentent que 10,1 % de la population hors de l’hémicycle.

Le dossier et l’expertise de Jean-Benoît Pilet (ULB) dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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