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Charles Michel : « Le MR est en train de gagner la bataille des idées »

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Le président du MR se mue en chantre du « patriotisme économique ». Il propose d’instaurer des droits de douane aux frontières de l’Europe, pour protéger la Belgique contre de nouveaux drames sociaux, comme celui de Caterpillar. Et il tire sur le PS, Ecolo et le CDH.

Dans une interview publiée cette semaine par Le Vif/L’Express, Charles Michel dit refuser, face aux suppressions de 1 400 emplois supprimés chez Caterpillar Gosselies, 1 3000 chez ArcelorMittal à Liège et 4 000 chez Ford Genk, « l’impuissance. Je refuse de considérer que les responsables politiques doivent simplement subir, partager des émotions, émettre des analyses sous forme de diagnostics. Je pense au contraire que nous sommes mandatés pour inverser le cours des choses. Dans le dossier Caterpillar, comme dans d’autres dossiers industriels, il y a plusieurs actions à mener, et vite. Nous devons forcer la création d’un label  »made in Europe ». Pour le président du MR, « ce label permettrait de sensibiliser les citoyens au thème du patriotisme économique. Pour qu’au moment de l’acte d’achat, il y ait une réflexion qui prend en compte cette notion de made in Europe. En consommant européen, on accepte parfois de payer un peu plus cher, mais on soutient une activité qui crée de l’emploi, de la prospérité et de la sécurité sociale en Europe. A mon avis, nous, les Européens, nous n’avons pas assez misé sur le patriotisme économique. Nous devons aussi instaurer des droits de douane aux frontières de l’Europe, pour certains produits, du secteur pharmaceutique notamment. »

Sur la situation politique belge, Charles Michel assène que, « quand ça ne va pas bien pour lui, le PS utilise les bonnes vieilles recettes : il trouve un bouc émissaire de l’autre côté de la frontière linguistique, la N-VA, et ensemble, ils jouent aux meilleurs ennemis. Ce comportement du PS a contribué à faire grandir la N-VA. La N-VA prospère en faisant la démonstration que le PS constitue un frein pour des réformes nécessaires. »

Charles Michel estime que le dernier baromètre La Libre-RTBF indique surtout que « ensemble, les trois partis de gauche perdent autour de 15 %, c’est gigantesque. Ce chiffre traduit un ras-le-bol de la population. Que ce soit à Bruxelles avec la 4G, ou en Wallonie sur le dossier de l’énergie, le PS, le CDH et Ecolo montrent leur incapacité à prendre des décisions sérieuses. A l’inverse, au gouvernement fédéral, le MR engrange des avancées : la liberté de travailler pour les pensionnés, c’est une mesure concrète, excellente pour la création d’emplois. Depuis dix ans, on se battait pour ça, on vient de l’obtenir. Même réflexion concernant le parcours d’intégration : le MR réclame ça depuis des années, et que voit-on ? La gauche, à reculons, finit par l’accepter. Cela signifie, en fait, que le MR est en train de gagner la bataille des idées. Mais ceci dit, le mal-être à gauche ne me réjouit pas. La vitalité démocratique repose sur la capacité des partis à être des forces de proposition, et on voit que la gauche n’est plus une force de proposition. La progression du PTB, c’est un symptôme de l’incapacité des partis conservateurs de gauche à produire des réponses adaptées à la réalité d’aujourd’hui. »

Pour autant, Michel considère que « tant chez Ecolo qu’au CDH, il y a de plus en plus de personnalités lucides, qui comprennent que le conservatisme lié à la domination du PS en Wallonie constitue un frein à la résolution de nombreux problèmes. Quand je vois le travail de Melchior Wathelet [CDH] au fédéral, c’est un travail de qualité. Voilà une personnalité qui, me semble-t-il, échappe à ce conservatisme de gauche. Quand Benoît Lutgen rejoint des propositions du MR en matière de soutien aux PME, cela me réjouit aussi. » Sur Jean-Marc Nollet (Ecolo), Charles Michel affirme qu' »il a été de bonne volonté dans ses départements, même si je ne partage pas ses options. Par contre, dans le dossier énergétique, c’est un désastre complet, et ce dossier jette le discrédit sur l’ensemble du gouvernement wallon. La presse a mis en lumière Jean-Marc Nollet, mais la culpabilité repose tout autant, si pas plus, sur son prédécesseur, André Antoine [CDH]. Entre 2004 et 2009, le gouvernement wallon a lancé un mécanisme de financement du photovoltaïque purement démagogique et irresponsable. Tant mieux pour les gens qui ont pu en bénéficier, mais ce qu’on paye aujourd’hui, c’est cette rentabilité délirante du photovoltaïque. » Quant au PS, le président libéral affirme qu' »il y a des personnes de qualité. Le problème c’est qu’elles ont souvent été bloquées par des conservatismes venant de certains syndicats ou de certains piliers socialistes. Depuis la création de la Région wallonne, il y a eu dans le chef du PS une démarche d’occupation du pouvoir, au sens littéral. C’est un problème, évidemment ! La seule façon de donner de l’oxygène, c’est de permettre à un parti politique de porter un autre projet. Et le MR est le seul à pouvoir le faire. Parce que c’est le seul parti indépendant de tous les conservatismes qui gangrènent la Wallonie. »

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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