CETA : un peu d’audace !

Étrange situation que cette Wallonie, s’opposant au CETA (traité de libre-échange avec le Canada), seule envers et contre toute l’Europe…

Les autres pays européens n’ont-ils pas d’aussi bons juristes ? Sont-ils idiots ? Naïfs ? Éloignés de leurs intérêts pour avoir dit oui en coeur à l’approfondissement des relations commerciales avec le Canada ? La Wallonie représenterait donc, comme l’affirme Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la CNE, « l’unique endroit où un débat démocratique a été fait sérieusement au Parlement contre un accord inacceptable ? » La Scandinavie, si sociale, la Grèce, exsangue, la France post-soixante-huitarde n’ont pas réagi, mais nos députés namurois seraient les seuls à avoir la tête sur les épaules ?

Certes, comme l’a rappelé notre ministre-président wallon, Paul Magnette, il y a des paragraphes insupportables, véritables dénis de démocratie comme l’obligation de payer des indemnités lorsque nos exécutifs décideraient de mesures relevant de la sphère publique en contradiction avec le traité.

Certes, comme le rappelle la mutuelle Solidaris, « toutes les garanties n’ont pas encore été obtenues et il est légitime de ne pas céder à la pression de la signature »; le processus démocratique doit être respecté.

Certes, la Commission européenne ne nous a pas habitués à une vigilance extrême lorsqu’il s’agit d’engager notre continent pour longtemps, cf. l’euro, Schengen, le Brexit ou la politique migratoire.

En outre, rien n’oblige en effet, à tout accepter ou même à signer un chèque en blanc.

Il n’en reste pas moins que l’abaissement des barrières douanières profitera à nos exportateurs, tout autant qu’aux Canadiens. Les PME wallonnes et flamandes piaffent. Or le Canada pèse seulement 35 millions d’habitants et l’Union pré-Brexit, quelque 500 millions d’âmes. Le pot de terre, dans cette affaire, c’est quand même ce petit pays démographiquement (mais immense géographiquement) dirigé par une gravure de mode, Justin Trudeau, adoubé par toute la gauche européenne.

Et puis il existe, comme l’a prouvé l’Allemagne, des clauses d’exemption.

On n’est donc pas face au TTIP, à signer avec cet ogre d’USA à la croissance insolente et au chômage ridiculement bas (4,9 %) qui de justesse ne se donnera pas Trump comme président (mais on a eu chaud).

Avec le CETA on n’est pas face au TTIP, à signer avec cet ogre d’USA à la croissance insolente et au chômage ridiculement bas.

Et puis les Canadiens et leur police montée au costume rouge suranné (la Gendarmerie royale du Canada) sont des gens honnêtes. Ils ne tirent pas sur les Blacks sans sommation.

Ils pratiquent, contrairement à la Belgique, le bilinguisme dans toute l’administration fédérale du pays. De nous, ils disent « nos amis ». Ils sont écolos et protègent les ours blancs. Ils ont une vraie santé publique et des hôpitaux subventionnés. Ils offrent la retraite à 60 ans voire 56. Ils sont sociaux. Ils sont les plus européens des Américains.

Et ils nous empafferaient comme des bleus ? On a peine à le croire.

Non : le refus de signer le CETA porte un nom. La peur. C’est encore le sentiment dominant dans les travées du Parlement wallon. Elle est compréhensible quand on est pauvre, mais elle est mauvaise conseillère. Courageux, mais pas téméraires ? Nous Wallons devons avoir davantage confiance en nous et en les capacités de nos entrepreneurs de conquérir de nouveaux marchés. On ne peut pas s’enorgueillir d’un côté que les exportations wallonnes ne se sont pas aussi bien portées depuis des décennies et offrir un visage si peu porté sur le commerce extérieur.

Il faut d’urgence retrouver l’audace qui a fait la grandeur d’une Région presque l’égale de l’Angleterre au 19e siècle.

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