La police au lendemain de l'assaut de Verviers, janvier 2016 © Belga Image

Cellule jihadiste de Verviers: Abaaoud était le donneur d’ordres, selon un accusé

L’un des principaux accusés au procès à Bruxelles de la cellule jihadiste démantelée début 2015 à Verviers a affirmé mardi qu’il recevait directement ses ordres d’Abdelhamid Abaaoud soupçonné d’avoir organisé quelques mois plus tard les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Lors du deuxième jour de procès devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, Mohamed Arshad, un Algérien de 27 ans vivant en Belgique, qui s’était rendu en Syrie en septembre 2014, a reconnu avoir agi pour mettre sur pied la cellule de Verviers. « Je faisais ce qu’on me demandait de faire », a-t-il expliqué, évoquant la « pression » exercée sur lui par Abdelhamid Abaaoud. « Je ne suis pas courageux, ils me font peur », a-t-il expliqué lors de son très long interrogatoire, semblant minimiser son rôle présumé de « dirigeant d’une organisation terroriste ».

Achat de talkie-walkies, de produits servant à la fabrication d’explosifs, location de véhicules et de la maison de Verviers, achat de meubles, démarches pour obtenir des faux papiers… Mohamed Arshad ne rechignait pas à la tâche pour satisfaire les instructions que lui transmettait depuis la Turquie puis la Grèce un certain « Omar », identifié par les enquêteurs comme étant le Molenbeekois Abdelhamid Abaaoud.

Abaaoud, rendu tragiquement célèbre par des vidéos le montrant en train de commettre des atrocités en Syrie, a été tué le 18 novembre 2015 lors d’une opération de police à Saint-Denis, près de Paris.

La cellule de Verviers a été neutralisée lors d’un spectaculaire assaut policier le 15 janvier 2015 au moment où elle préparait un attentat « imminent », selon les autorités belges.

Faux papiers

Mohamed Arshad a assuré avoir été le seul des prévenus à avoir été en contact avec ses relais en Syrie, où il s’était rendu, et en Turquie, à l’automne 2014, bien que des écoutes téléphoniques longuement évoquées à l’audience semblent prouver le contraire. Il a catégoriquement refusé, face aux questions pressantes du tribunal, de révéler de nouveaux noms, comme notamment celui du fournisseur des armes.

Parmi ses missions, Mohamed Arshad devait aussi se procurer une série de 10 faux documents (cinq passeports et cinq cartes d’identité), en utilisant les photos (dont une d’Abaaoud) et l’argent qui lui avaient été remis en Syrie. Pour ce faire, il a contacté un petit délinquant de la commune bruxelloise de Molenbeek, Souhaib El Abdi, qui se trouve sur le banc des accusés à ses côtés. « J’ai fourni des faux papiers, mais je n’ai commis aucun autre acte, je ne suis pas parti en Syrie, je n’ai participé à rien de terroriste », s’est défendu M. El Abdi.

Celui-ci avait néanmoins quitté précipitamment la Belgique avec son frère Ismaël dans les heures qui ont suivi l’assaut à Verviers, où deux jihadistes présumés revenus de Syrie quelques jours plus tôt –Soufiane Amghar et Khalid Ben Larbi– ont été tués par la police, tandis qu’un troisième individu, Marouane El Bali, était interpellé.

Les frères El Abdi avaient été interceptés à la frontière franco-italienne, près du tunnel du Fréjus, le 16 janvier à 07H00 du matin.

Un mystérieux ‘Gros’

Seul survivant de l’assaut, Marouane El Bali devrait être entendu jeudi. Son témoignage est d’autant plus attendu que son profil en fait un candidat crédible pour endosser le surnom de « Gros », un mystérieux personnage longuement évoqué lors des débats.

Arshad assuré qu’il ne s’agissait pas d’El Bali mais a refusé de révéler son identité.

Les conversations téléphoniques captées début janvier 2015 par la police belge indiquent qu’Abaaoud se trouvait alors en Grèce, après avoir échoué à rentrer en Belgique. Et qu’avec Soufiane Amghar, il souhaitait se passer des services de Mohamed Arshad, imprudent et peu fiable, pour le remplacer par « Gros ».

C’est Marouane El Bali, qui connaissait Verviers pour y avoir travaillé, qui s’est effectivement rendu dans la planque le 15 janvier.

« Gros, c’est le monstre du Loch Ness, on en parle toujours mais on ne le voit jamais. C’est une expression utilisée dans les quartiers, c’est comme dire « mon vieux » », a déclaré à l’AFP l’un des avocats d’El Bali, Sébastien Courtoy. « Il est totalement impossible de déterminer qui est la personne mystérieuse qu’on appelle « Gros » ou « Machin » », a-t-il ajouté.

Contenu partenaire