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Ce n’est pas la fin des remous pour la Suédoise

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Malgré le tax-shift, Charles Michel n’est pas au bout de ses peines… Quinze jours après l’accord fiscal, le CD&V est au bord de la rupture.

La promesse a été tenue, oui. Mais l’édifice reste fragile. Le gouvernement Michel a bouclé le 23 juillet dernier un ambitieux tax-shift, d’une hauteur de 7,2 milliards. « De par son envergure, ce n’est pas une opération classique se félicitait Charles Michel au lendemain de l’exercice. Je n’en ai vu aucune d’une telle ampleur à la Chambre ces dernières années. » Rideau. Depuis, le Premier ministre profite de vacances bien méritées – il a mis le cap sur le sud de la France, dans la maison familiale, avant une escapade en moto.

Sans doute se doutait-il que deux semaines après l’accord, la perception changerait, surtout au nord du pays. « Au moment de la communication du tax-shift, tout le monde était euphorique au sujet de l’efficacité du gouvernement Michel, reconnaît Carl Devos, politologue à l’université de Gand. Mais aujourd’hui, on s’aperçoit que l’accord fragilise fortement le CD&V, ce qui est une très mauvaise chose pour la coalition. » L’histoire agitée de la Suédoise n’est donc pas finie, même si l’équipe Michel a déjà initié la plupart de se réformes structurelles et impopulaires.

Un tax-shift ambitieux ? C’est pourtant ce que le CD&V réclamait depuis des semaines. « On avait demandé une solution avant les vacances, ce qui a été le cas », se félicitait d’ailleurs son vice-Premier ministre Kris Peeters. Depuis, le constat est unanime. « Le parti qui a le plus insisté pour un tax-shift est celui qui a le moins pesé sur le résultat », analyse Dave Sinardet, politologue à la VUB. « Le parti pivot des coalitions est seul responsable de la situation infernale dans laquelle il se trouve, prolonge Pascal Delwit (ULB). Bien sûr, au CD&V on a le sens du sacrifice. Donc, on boira le calice jusqu’à la lie. » « Le CD&V est ultra-dominé dans un gouvernement à consonance très libérale, acquiesce leur collègue gantois Carl Devos. Avec l’Open VLD, le MR et la N-VA, c’est du trois contre un ! Le CD&V avait fait de nouvelles promesses sociales très ambitieuses après la formation du gouvernement, mais elles sont impossibles à tenir. Le tax-shift devait être pour lui la compensation des mesures antisociales comme le saut d’index ou la réformes des pensions, mais c’est loin d’être le cas. »

Les messages se multiplient pour atomiser les chrétiens-démocrates au sein de ses piliers et jusque dans ses propres rangs. « C’est un glissement fiscal dans le porte-monnaie des gens, les capitaux échappent une nouvelle fois à la danse », grince Patrick Develtere, président de Beweging.net, nouveau nom de l’ACW (Mouvement ouvrier chrétien), en référence à l’augmentation minime du précompte immobilier et à la création aléatoire d’une taxe sur la spéculation. » « Avec moins de moyens, nous ne pourrons pas faire davantage », râle Luc Van Gorp, le nouveau patron des Mutualités chrétiennes : le CD&V avait promis que l’on ne toucherait plus aux dépenses sociales, mais les mutualités doivent contribuer à l’effort global à hauteur de 100 millions d’euros. « Nous restons sur notre faim au vu des résultats de la négociation », soupire Wim Soons, président des jeunes du CD&V, en regrettant la contribution minime du capital, mais aussi l’annonce d’une nouvelle régularisation fiscale.

Olivier Mouton

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