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Budget: Johan van Overtveldt accusé d’avoir « menti au parlement »

La cheffe de groupe sp.a à la Chambre, Karin Temmerman, a accusé jeudi le ministre des Finances, Johan van Overtveldt, d’avoir « menti au parlement » alors qu’il connaissait l’ampleur de la réestimation des moyens fiscaux à attribuer aux différentes entités du pays, défavorable au fédéral, au moment de voter l’ajustement budgétaire la semaine dernière.

Le ministre des Finances a dit « ne pas accepter » de telles accusations. « Les estimations ont été recalculées à plusieurs reprises, c’est vrai, mais je n’accepte pas que vous suggériez que j’ai pu cacher des éléments, c’est fondamentalement faux », a-t-il dit.

Lors du contrôle budgétaire de mars dernier, les entités fédérées avaient dénoncé la décision du fédéral de leur « ôter » 750 millions d’euros de moyens fiscaux en application de la nouvelle loi de financement, un montant finalement revu cette semaine à la faveur de quelque 600 millions d’euros de correction. Courriel à l’appui, le sp.a soutient que le ministre des Finances connaissait l’ampleur du correctif fin juin avant de voter l’ajustement budgétaire à la Chambre. Mais pour Johan Van Overtveldt (N-VA), les montants ont été affinés avant la communication du correctif cette semaine.

Selon Kristof Calvo (Groen) le problème que soulève l’erreur de calcul pour la répartition des moyens ne trouve pas son origine dans la nouvelle loi de financement, comme le soutient la N-VA, « le problème est le ministre des Finances ».

L’erreur de calcul, comme l’évoque l’opposition, ou la réestimation, comme la qualifie la majorité, a été l’occasion jeudi à la Chambre d’un nouveau débat agité, le Premier ministre Charles Michel et les partis de l’opposition se renvoyant la palme de l' »arrogance » et du « mépris ».

Selon le chef du gouvernement, son équipe n’a jamais « validé » aucun chiffre dans le cadre de l’application de la loi de financement, il s’est contenté d' »utiliser » ceux qui ont été calculés par le service d’étude du SPF Finances. Après la réestimation, et compte tenu des moyens provisionnés, l’impact pour le futur contrôle budgétaire fédéral sera de 18 millions d’euros, a-t-il souligné.

« Vous vous seriez contenté des chiffres de l’administration alors que votre job était de les vérifier comme l’ont fait les Régions », a répliqué le député Ahmed Laaouej (PS) appelant le gouvernement à cesser ses « tromperies » et à venir au parlement « avec un dossier sérieux plutôt que de la malfaçon ».

Vous êtes le « Vivaldi de la politique », « au printemps, tout va bien, durant l’été, on se rend compte qu’il y a un problème, vous annoncez un nouvel ajustement pour l’automne, tout cela annonce un hiver budgétaire, un hivers social », a prédit le chef de groupe Ecolo-Groen, Jean-Marc Nollet.

Admettant tout au plus des « erreurs administratives », le chef de groupe CD&V, Servais Verherstraeten, a rappelé à l’opposition que les « recalculs » étaient monnaie courante « dans la France unitaire, l’Allemagne fédérale ou la Belgique confédérale ». Olivier Maingain (FDF) a dit avoir le sentiment de redécouvrir « les apocryphes du Nouveau testament » en écoutant « les vérités » de son collègue CD&V. Qualifiant le Premier ministre de « suceur de roue » de la N-VA, il s’est retrouvé au nombre de ceux que le chef du gouvernement a raillés en dénonçant « l’hôpital qui se moque de la charité ».

M. Michel a promis une nouvelle concertation avec les entités fédérées sur l’arrêté royal qui doit concrétiser la nouvelle loi de financement après plusieurs tentatives avortées d’aboutir précédemment. Il s’est engagé à poursuivre sur la voie du fédéralisme de coopération, ce qu’il a, selon l’opposition, échoué à réaliser jusqu’ici.

« Vous avez tenté par l’évocation de certains qualificatifs de faire passer les francophones et l’opposition pour des amateurs et des cancres » et cela s’est retourné contre vous, a souligné la cheffe de groupe cdH Catherine Fonck l’invitant à la transparence pour le calcul des futures estimations.

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