Drieu Godefridi

Bruxelles : pourquoi la N-VA est la seule alternative

Drieu Godefridi PhD (Sorbonne), juriste et auteur

Plus personne ne l’ignore : Didier Reynders est entré à campagne, pour constituer à Bruxelles une nouvelle majorité après les prochaines élections régionales (2019). Une nouvelle majorité qui serait bien naturellement emmenée par lui-même.

Le scénario est cousu de fil blanc : si le MR remporte les élections, du côté bruxellois francophone, il lui reviendra d’entamer les discussions pour constituer une nouvelle majorité. Correct !

Alors, pour qu’à Bruxelles les choses changent, votons MR ?

Ce n’est pas si simple. Dabord parce que D. Reynders est le champion des victoires électorales transformées en échec politique : que l’on se souvienne de sa tentative avortée de mettre en place une « orange bleue » après son indéniable succès électoral de 2007.

Ensuite parce que les autres partis francophones sont résolus à maintenir le MR, surtout emmené par Reynders, hors de la future majorité. Bien que l’intéressé ait tout mis en oeuvre pour séduire la Gauche, sa personnalité n’en reste pas moins perçue comme « clivante ».

Dès lors, le MR de Reynders ne sera en mesure de faire « bouger les lignes », à Bruxelles, que s’il atteint une majorité absolue ou quasiment dans son groupe linguistique.

Bien entendu, iI n’existe strictement aucune chance que le MR atteigne ou flirte avec la majorité absolue du côté francophone. Par conséquent, à supposer que le vote n’évolue pas du côté flamand, rien — rien — n’empêchera les autres partis bruxellois francophones de constituer une majorité sans le MR.

Dès lors, et c’est pure logique, la majorité bruxelloise — qui, rappelons-le, comprend nécessairement deux groupes linguistiques — ne se jouera pas du côté francophone, quel que soit le score de D. Reynders et du MR, mais du côté flamand.

Car, du côté flamand, le jeu est nettement plus ouvert, se partageant entre le SP.A, le CD&V et le VLD, qui ne représentent quasiment plus rien, les affreux du Vlaams Belang, dont personne ne veut, et puis la N-VA. Le moins qu’on puisse écrire est que la N-VA a le vente en poupe, non pas, et c’est assez exceptionnel pour être souligné, en dépit de sa participation du pouvoir fédéral (la fameuse « usure du pouvoir »), mais en raison même de ce qui est perçu comme la qualité supérieure de son personnel politique (cfr. la popularité des excellences N-VA du côté francophone).

L’objectif de la N-VA en 2019 sera de s’assurer une majorité absolue dans le groupe linguistique néerlandais.

Si la N-VA parvient à s’arroger la majorité des élus néerlandophones, il ne sera pas possible de constituer une majorité sans la N-VA. N’en déplaise aux stratèges en chambre du PS, on ne gouverne pas Bruxelles sans une majorité dans les deux groupes linguistiques. Les dispositions légales sont limpides à cet égard, dans leur lettre comme leur esprit, et n’ont jamais été remises en cause.

La conclusion s’impose d’elle-même : les Bruxellois qui souhaitent un changement de cap radical en 2019 voteront N-VA, de façon à assurer à ce parti une majorité absolue dans le groupe linguistique néerlandais.

Le MR aura d’autant plus de mal à faire valoir l’argument du vote « utile » que rares sont les Bruxellois à considérer que, depuis 1989 (création de la Région bruxelloise), le vote MR a jamais contribué à améliorer leurs conditions de vie.

En 2019, le vote utile sera N-VA.

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