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Bruxelles: « Ces étrangers dans leur propre ville »

Le Vif

Un article intitulé « Avec les jeunes de Bruxelles enfermés dans leurs quartiers » et paru en 2008 dans Le Monde diplomatique circule à nouveau abondamment sur les réseaux sociaux. Il est vrai qu’il reste cruellement d’actualité tant les barrières ethnico- sociales qui y sont citées n’ont que peu ou pas bougées.

L’article, écrit conjointement par Olivier Bailly, Madeleine Guyot, Almos Mihaly et Ahmed Ouamara, explique que les jeunes qui vivent dans les quartiers « pauvres » sortent rarement de leur quartier, contrairement aux jeunes des communes plus aisées ou intermédiaires. L’article se base sur une étude réalisée par les mêmes auteurs pour Inter-Environnement en 2008 et qui aborde la mobilité en ville de trois groupes d’adolescents de communes différentes.

Une ville cloisonnée

S’ils sont plus mobiles, les jeunes de ces quartiers plus « nantis » ne sont pourtant pas forcément plus indépendants puisqu’ils ont peur des parties moins aisées de la ville et s’y font accompagner par leurs « parents taxis ». La ville est donc en réalité fortement cloisonnée.

Comme le précise Eric Maurin dans Le ghetto français, une enquête sur le séparatisme social paru 2004 et cité par le rapport d’Inter-Environnement. « Alors que beaucoup considèrent encore que les déchirements de la ville affectent essentiellement une minorité d’exclus, il va falloir accepter l’idée que les mécanismes de la ségrégation traversent toute la société et non seulement ses franges. La défiance et la recherche de l’entre-soi, les stratégies d’évitement et de regroupement concernent à peu près toutes les catégories – à commencer par les plus défavorisées – et organisent les formes de coexistence sociale sur l’ensemble du territoire. »

Un autre constat de l’article est que « la mobilité est devenue un facteur essentiel de stratification sociale » mais aussi de perspective d’avenir. Ainsi, dans les communes défavorisées, les activités et la scolarité sont déterminées par la proximité. « Dans les quartiers « délaissés », la vie en communauté semble plus imposée que choisie. » est-il encore précisé. Les jeunes ayant peu de modèles de référence différents ne disposent pas de « manières d’être suffisamment variées pour fréquenter « l’autre » ».

Ce manque de mélange social et ethnique renferme les individus dans des cases. « Non seulement ce manque d’identités cloisonne les individus, mais il peut également participer à la construction de fantasmes et de rumeurs sur « l’autre ».

Pour lire cet article aussi utile qu’instructif, cliquez ici. L’étude en entier est à lire ici.

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