Travailler pour faire ses courses dans le magasin, une alternative qui profite à tous © Noémie Joly

BEES coop: le supermarché coopératif qui fonctionne

Stagiaire Le Vif

Présenté dans le film documentaire Food coop, le supermarché coopératif de Park Slope à New York est aujourd’hui autogéré par 16.000 membres. Pour avoir le droit d’y faire ses courses, il faut y travailler. C’est sur ce modèle que se base BEES coop, le labomarket bruxellois. 1100 personnes ont déjà été convaincues par le projet qui ne cesse de grandir.

Loin des grandes distributions et des marques qui nous sautent à la figure pendant toute la durée de nos courses, les supermarchés collaboratifs s’imposent comme une nouvelle alternative, plus familiale et conviviale. BEES coop, premier magasin de ce type sur Bruxelles, fonctionne grâce à ses « superclients ». En effet, à la fois acheteur, propriétaire et travailleur, chacun participe à la dynamique de la petite structure de quartier. Les produits sont de qualité, respectueux des producteurs et de l’environnement. Une condition pour y venir faire ses courses : s’impliquer dans le projet. Nous avons rencontré Quentin Crespel, l’un des cofondateurs de l’entreprise.

Produits alimentaires, d'entretien, de nettoyage, ... une offre variée et de qualité
Produits alimentaires, d’entretien, de nettoyage, … une offre variée et de qualité© Noémie Joly

BEES coop, c’est quoi ?

Il s’agit d’une coopérative bruxelloise écologique économique et sociale. L’idée, portée par plus d’une centaine de personnes, vise à « rendre accessible financièrement une alimentation de haute qualité (biologique, équitable, en circuit court…) et permettre de se réapproprier son alimentation« , explique Quentin Crespel.

Savoir d’où viennent les produits, les conditions de leur production… La volonté est, ici, de reconnecter le consommateur à la réalité de la production. BEES coop souhaite par ailleurs établir, en plus de cela, une diversité sociale et culturelle en sein du point de vente.

Quel objectif ?

Créer du lien. Défini comme un supermarché sans but lucratif, tout en restant viable, il se consacre essentiellement à donner accès à tous à une alimentation plus réfléchie et durable, à encourager les producteurs locaux et surtout, à créer le magasin de monsieur et madame Tout-le-Monde. Ici, les clients se connaissent et s’engagent ensemble à porter le projet. Enfin, pouvoir sensibiliser et changer les comportements vis-à-vis d’une alimentation plus responsable.

Qu’est-ce que le labo-market mis en place à Schaerbeek ?

« C’est un espace test, où nous apprenons et où nous sommes encore en contact avec les producteurs. On teste la qualité des produits, les relations avec les coopérateurs, la mise en place d’un système de comptabilité… L’endroit nous permet aussi, pour l’instant, de former pas mal de coopérateurs à la gestion du point de vente « , explique Quentin. L’endroit est petit, mais satisfait l’envie d’avancer des fondateurs. Son grand frère ouvrira d’ailleurs ses portes durant la première moitié du mois de septembre et aura tout d’un « vrai » supermarché.

Qu’est-ce qu’un client-coopérateur ?

« Chez nous, le client a trois casquettes « , rappelle le cofondateur. «  Il est propriétaire, car il souscrit des parts à la coopérative de manière unique (25 € la part et 100 € les quatre parts, ce qui est recommandé par l’entreprise, NDLR) et prend des décisions ; travailleur, car chaque personne voulant faire ses courses dans le magasin doit y travailler 3 heures toutes les quatre semaines ; et enfin client, ce qui est important puisqu’ils sont les seuls à pouvoir bénéficier exclusivement du supermarché. »

Les clients sont aussi les travailleurs bénévoles, un concept qui rassemble
Les clients sont aussi les travailleurs bénévoles, un concept qui rassemble© Noémie Joly

Accessible à tous ?

Pour devenir client, il faut investir. La participation financière demandée pour subvenir aux besoins majeurs de l’entreprise est de 100 €, ce qui équivaut à quatre parts de coopérative. Le capital est important pour la réalisation de travaux, le coût du loyer, l’achat de marchandises… Le montant de la participation peut néanmoins être revu à la baisse en fonction des possibilités du coopérateur. 25 € de part est le minimum. L’investissement se fait par contre de manière unique, ce qui n’est pas un frein important. Indépendamment du coût, chacun est libre de devenir membre. BEES coop travaille pour l’instant avec des associations, surnommées « acteurs relais « , en relation avec des personnes moins sensibilisées et exposées à cette forme d’initiative : « c’est une partie primordiale du projet que de construire cette mixité sociale « , souligne le gérant.

Une alternative aux supermarchés classiques ?

Oui ! Le « magasin de monsieur Tout-le-Monde » ne propose pas que de l’alimentaire, assure le cofondateur, mais dispose de produits d’hygiène, d’entretien… « L’idée est que chacun y fasse l’ensemble de ses courses, sans passer par la case « grande distribution » « .

Pourquoi ces prix concurrentiels ?

Par la coopérative mise en place, les coûts pour entretenir le supermarché diminuent radicalement quand les travailleurs s’investissent bénévolement. Chacun met la main à la pâte trois heures toutes les quatre semaines selon un planning, leur donnant droit à des produits de haute qualité, mais aux prix moins élevés que dans des magasins spécialisés (bio, zéro déchet…).

D’autres avantages pour la coopérative ?

« Grâce à la communauté que nous avons construite, nous avons mis en place une dynamique de quartier, un véritable lieu social et fait de rencontres. Les gens qui viennent y faire leurs courses se connaissent maintenant, se disent bonjour « , se réjouit Quentin. Enfin, chacun y est gagnant puisque les producteurs se voient rémunérés justement.

BEES coop: le supermarché coopératif qui fonctionne
© Noémie Joly

1100 coopérateurs à gérer

« Des permanents rémunérés sont présents afin d’assurer la coordination, et les nombreux coopérateurs, formés sur le tas, se chargent des différentes tâches à la boutique : ouvrir le magasin, chercher les produits chez les producteurs, fermer le magasin, remettre en rayon… « . Bien que difficile à gérer, le projet est un grand défi pour ses fondateurs : « il faut être flexible et motivé. Ce n’est pas impossible, car, au fur et à mesure, nous avançons. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir « . La communauté qui s’est construite est très forte, ce qui aide beaucoup à la gestion quotidienne du lieu : « plus nous avons de coopérateurs, plus nous savons retomber sur nos pattes en cas de soucis« . Le concept est encore dans sa phase test, mais son évolution en « vrai » magasin n’effraie pas les gérants. Des initiatives au-delà de nos frontières se sont déjà montrées concluantes. Le Park Slope Food Coop, sur lequel est basé le récent film Food Coop, est le parfait exemple de l’efficacité d’un supermarché coopératif. Construis dans les années 70, ce magasin de Brooklyn compte aujourd’hui plus de 16.500 adhérents, une véritable communauté !

Quel avenir ?

A Schaerbeek, un véritable supermarché ouvrira ses portes à côté, tout en gardant au maximum le côté convivial du labo-market. Le projet est complètement ouvert à de nouveaux collaborateurs, mais veut garder une cohésion à l’échelle d’un quartier, sans s’étendre au Tout-Bruxelles. Si BEES coop ne compte pas s’élargir davantage dans d’autres espaces, il reste dans un esprit d’open coopérativisme : « on partage nos manières de fonctionner et nos outils, pour que d’autres entrepreneurs puissent s’en inspirer s’ils le désirent, pour répliquer le projet, l’améliorer… C’est un mouvement qui se construit au fur et à mesure « , conclut Quentin Crespel.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Noémie Joly (stg)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire