La rédaction du Vif

Allocation Universelle : une utopie réaliste pour changer les bases de notre société

Le concept du revenu de base (appelé aussi allocation universelle) n’est pas une idée nouvelle, c’est un concept qui a pour but de donner à chaque citoyen un droit universel, individuel et inconditionnel visant à couvrir les besoins essentiels, afin de garantir à chacun une vie digne et la participation de tous dans la vie en société. Si certains y voient une solution très pragmatique aux problèmes actuels du chômage et de la précarité, d’autres pensent que cela permettrait aussi et surtout d’offrir de nouvelles perspectives à chacun et sortir des impasses du système actuel.

Par Pierre-Yves Ryckaert, membre co-fondateur du Réseau Belge pour le Revenu de Base.

L’actualité est là pour le rappeler, les bases sur lesquelles est construite notre société ne sont plus viables à terme. Pendant que notre système vacille et que certains s’évertuent à le justifier, d’autres envisagent de nouvelles perspectives et pensent un véritable changement.

Parmi les remèdes inefficaces présentés inlassablement par nos décideurs comme  » la  » solution à tous nos problèmes socio-économiques, l’idéologie du plein emploi a la dent dure. S’il y a bien quelque chose qui fait l’unanimité à droite comme à gauche (syndicats en premier), c’est le mythe du plein emploi. Pourtant une analyse pragmatique nous amènerait immanquablement à la conclusion qu’il s’agit d’un rêve hors de portée. D’une part, parce qu’une croissance matérielle exponentielle n’est pas soutenable, d’autre part, parce que la productivité augmente sans cesse diminuant toujours plus l’emploi nécessaire pour la même quantité produite et générant ainsi un chômage structurel. Enfin parce que le spectre de l’austérité et des délocalisations empêche depuis plus de 30 ans toute perspective réaliste d’une réduction collective du temps de travail. Nous sommes dans une situation paradoxale : la richesse créée et la productivité n’ont jamais été aussi élevées, mais il faut pourtant nous rendre à l’évidence, le système actuel ne permet plus de faire vivre dans la dignité l’ensemble des individus qui le compose.

 » Inventer, c’est penser à côté.  » Albert Einstein

Le revenu de base inconditionnel, connu aussi sous le nom d’  » Allocation universelle « , fait partie de ces perspectives nouvelles qui tentent d’aborder la problématique du monde du travail à contre courant des schémas de pensée traditionnels. Cette idée n’est pas neuve, mais ce projet est porté par une communauté toujours plus grande d’économistes, philosophes et citoyens persuadés que cette proposition est un moyen de concevoir le travail et l’emploi autrement. Si vous suivez l’actualité de près, peut être avez-vous entendu parler du concept du revenu de base, car le sujet fait régulièrement surface. Dernièrement, une initiative populaire ayant pour sujet l’instauration d’un revenu de base a abouti en Suisse, une autre est en cours à l’échelon européen (l’initiative citoyenne européenne sur le revenu de base) qui a pour objectif d’interpeller les décideurs européens sur cette question et de susciter le débat.

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Mais qu’est-ce donc que ce  » revenu de base  » ?

Le revenu de base est une idée forte et simple à la fois : l’instauration d’un revenu accordé à toutes et tous, tout au long de la vie. Ce revenu se veut être versé périodiquement (par exemple mensuellement) à titre individuel, accordé sans conditions, sans prendre en compte l’existence d’autres revenus, ni contrepartie de l’exécution d’un travail ou de la disposition à en accepter un. Ce revenu de base (l’initiative citoyenne parle d’un montant au moins égal au seuil de pauvreté, environ 1000 euros pour la Belgique) vise à permettre à chacun et chacune de mener une vie digne et de participer à la vie en société sous toutes ses formes. Il ne faut surtout pas confondre le revenu de base avec les revenus minimums garantis et autres allocations conditionnées, car l’inconditionnalité de ce revenu est justement ce qui le différencie dans son essence des autres allocations conditionnelles classiques.


Donner un revenu « émancipatoire » à chacun, une belle idée qui suscite immédiatement des questions. Et vous, si vous disposiez de ce revenu de base arrêteriez-vous de travailler? (Posez-vous la question!) D’après différentes études, l’effet dés-incitatif sur l’emploi serait faible. En effet, ce revenu serait loin d’être suffisant pour couvrir les envies de la plupart de gens. Il s’agit d’un socle qui a pour vocation de couvrir les besoins les plus essentiels sans plus, auquel peuvent s’ajouter d’autres revenus tel que le revenu issu du travail rémunéré. Toujours selon ces études une grande majorité des individus continuerait à travailler tout autant.

Toutefois, une partie non négligeable des personnes diminuerait spontanément leur temps de travail pour se consacrer à d’autres activités non rémunérées (famille, projets, loisirs, formations…). Le travail ainsi dégagé serait réinjecté sur le marché de l’emploi, offrant de nouvelles possibilités aux personnes désireuses de travailler, mais qui n’en ont actuellement pas.

Il y aurait aussi ceux qui se satisferaient de ce socle minimal pour se consacrer à des activités librement choisies comme des activités bénévoles ou des activités jugées non rentables, mais gratifiantes et/ou utiles au bien commun. Ce revenu permettrait également la mise en oeuvre de projets dont la rentabilité est incertaine ou ne s’observe que sur le long terme, comme la formation, entrepreneuriat, l’activité artistique, philosophique et la recherche scientifique.

Outre le fait d’offrir de nouvelles perspectives et d’annihiler l’aspect stigmatisant du système d’allocations conditionnées, un revenu de base inconditionnel permettrait même de lutter efficacement contre le phénomène de « trappe à l’emploi » (désignant la démotivation que connaît une personne sans emploi à en trouver un, notamment en raison de la perte des allocations d’assistance qui en résulterait). En effet, si chacun disposait d’un revenu de base, de faibles salaires ajoutés à ce revenu socle, pourraient alors donner des revenus acceptables. Le fait de trouver et d’accepter un travail ne serait par ailleurs plus pénalisé. Le travail, enfin librement choisi, serait valorisé.

Une utopie réaliste ?

En cette période d’austérité, une telle mesure est-elle finançable? Quels en seraient les impacts sociaux, économiques et écologiques? Les partisans du concept du revenu de base apportent des réponses à toutes ces questions et sont persuadés qu’un débat public doit être mené. Par ailleurs, des projets pilotes mettant en oeuvre les principes du revenu de base sont actuellement expérimentés dans plusieurs pays et les résultats s’annoncent au delà des espérances escomptées et permettent d’envisager le revenu de base comme une perspective de demain. Une idée qui a le mérite d’envisager les défis de notre monde différemment, dans une perspective positive.

Pour la Belgique nous avons besoin de 16500 signatures pour atteindre notre quota, nous en avons déjà récolté près de 15000, il ne nous en manque plus que 1500 à récolter d’ici le 14 janvier afin que cette initiative puisse être considérée par les différentes instances politiques et économiques et qu’un véritable débat public s’enclenche sur cette question.

Il nous reste 4 jours… le temps presse si nous ne voulons pas que ce débat et les questions intéressantes qu’il soulève tombent aux oubliettes. Afin que le débat s’ouvre et que nous puissions, tous ensemble en qualité de citoyens informés, décider un jour si oui ou non cette idée en vaut la peine ou pas, signons et invitons à signer l’initiative citoyenne pour le revenu de base: http://basicincome2013.eu/fr/

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