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A quoi sert le Parlement wallon ?

Les critiques pleuvent sur le fonctionnement du Parlement wallon: absence de débat et de travail législatif, questions sans intérêt, députés de la majorité aux ordres du gouvernement… Sa présidente, Emily Hoyos (Ecolo), annonce toutefois « une belle rentrée ».

Alors, en léthargie, le Parlement wallon ?
Emily Hoyos Pas plus que les assemblées précédentes, je l’ai vérifié: à la même période de l’année, après les élections de 1999 ou de 2004, cinq à six décrets au maximum avaient été adoptés. Et c’est normal ! En début de législature, le Parlement adopte la DPR (Déclaration de Politique régionale) présentée par le Gouvernement, et celui-ci prépare ses textes. Mais rassurez-vous: d’une part la session n’est pas encore terminée, et d’autre part les ministres nous ont concocté une vingtaine de décrets importants, qui sont pour l’instant au Conseil d’Etat, et qui augurent d’une belle rentrée…

Mais en attendant, le Gouvernement ne vous donne guère de grain à moudre…

Moi, je ne suis pas au Gouvernement. Cela dit, il n’a pas l’air inactif, et comme il n’a pas forcément besoin du Parlement pour initier certaines politiques ambitieuses présentées dans la DPR, il avance prioritairement dans ces matières-là. Le plan « Habitat pour tous », par exemple, qui a réformé les aides wallonnes en matière d’aide à la propriété, a été créé par arrêté ministériel. Tout comme le système des primes énergie, recentré sur l’isolation des logements. Mais cela ne nous a pas empêchés d’organiser des débats sur ces sujets, cela fait partie de notre travail de contrôle du gouvernement.

Les séances plénières du Parlement wallon, qui en sont la vitrine, sont de plus en plus légères, et parfois même interrompue prématurément, ordre du jour épuisé. Déjà que cette séance du mercredi ne se tient qu’une semaine sur deux, l’autre étant consacrée à la Communauté française… Est-ce que c’est justifiable ?

En début de législature, nous avons décidé, tous partis confondus, de réserver la séance plénière aux sujets qui sont d’intérêt général, qui peuvent concerner tous les habitants de la Région wallonne. Cela nous a permis d’avoir plusieurs débats de bon niveau. Mais il est clair que l’annonce des élections fédérales, au printemps, a déplacé la tension (et l’attention) ailleurs. Nous n’avons pas voulu changer de politique, et nous avons préféré limiter la durée de notre séance plutôt que d’en diluer le contenu.

A l’inverse, les réunions des commissions, le lundi après-midi et le mardi, une semaine sur deux toujours, c’est la pagaille, les députés courent d’une salle à l’autre et ne savent plus où donner de la tête. Est-ce qu’il ne faut pas adapter cela ?

Nous avons fait ce constat aussi, nous sommes lucides. Le règlement prévoit que le travail se fait du lundi au vendredi, et si le travail s’intensifie, nous opérerons des ajustements, pour arriver à plus d’efficacité, plus de transparence, plus de lisibilité. Les lundis et mardis, les ministres sont là pour répondre aux questions, le mercredi, c’est la séance plénière, et le jeudi les réunions des gouvernements wallon et communautaire.

Mais le vendredi, jour où de nombreux députés wallons qui sont aussi bourgmestres ou échevins se consacrent à leur commune, c’est sacré ? Député wallon, c’est un travail à temps plein…
Il y a des habitudes qui ont été prises. Si le vendredi n’est pas nécessaire, je ne vois pas pourquoi on changerait les choses. Mais si le travail législatif s’intensifie, nous devrons nous adapter. Je veux regarder en avant, avec le Bureau du Parlement où tous les partis, y compris l’opposition MR représentée par Véronique Cornet, dont je salue la loyauté, travaillent à améliorer notre fonctionnement. Quant à l’alternance Parlement wallon et Parlement de la Communauté française, nous y réfléchissons aussi. La semaine du 19 juillet par exemple, les députés travailleront en même temps dans les deux institutions sur les projets de décrets-programmes. Ce sera pareil du 20 septembre au 10 octobre. Et puis à la rentrée, pour les 30 ans du Parlement wallon, nous organisons un colloque sur le rôle des institutions dans l’émergence de la citoyenneté. Les questions qui se posent par rapport au travail de notre institution, notamment l’initiative législative, ne sont pas isolées…

ENTRETIEN : MICHEL DELWICHE

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