« A Bruxelles, les enfants devraient apprendre à lire et à écrire en néerlandais »

Pour le philosophe Philippe Van Parijs (UCL), l’enseignement néerlandophone à Bruxelles devrait être une véritable machine à « néerlandiser » la population. C’est pourquoi il préconise que les élèves bruxellois apprennent au minimum à lire et à écrire en néerlandais.

La scission de B-H-V est-elle un frein à la francisation ou l’internationalisation de la périphérie, ou n’a-t-elle que peu d’impact ?

Van Parijs: La scission en tant que telle n’aura qu’une influence marginale , surtout si on la compare avec les lois sur l’utilisation des langues au sein des écoles et des administrations. Cette dernière, en plaçant de manière distincte la barrière linguistique autour des 19 communes et des six communes à facilités, a néanmoins un grand impact symbolique. La protection de la territorialité linguistique du Brabant Flamand peut se faire au travers d’initiatives qui encouragent le multilinguisme à Bruxelles. La plupart des étrangers qui s’établissent dans la périphérie ont vécu au préalable quelque temps à Bruxelles. S’ils apprennent le néerlandais durant leur séjour à Bruxelles, ils pourront d’autant plus facilement s’intégrer en Flandre. Cette perspective place le rôle de l’enseignement néerlandophone bruxellois sous un nouveau jour. Les écoles néerlandophones ne sont désormais plus réservées à un groupe de plus en plus restreint de Flamand d’origine. L’enseignement en néerlandais doit être vu comme une véritable machine à néerlandiser afin que les Bruxellois acquièrent une connaissance suffisante du néerlandais pour trouver un job et puissent déménager sans problèmes en Flandre.

Un argument supplémentaire pour investir sans tarder dans l’enseignement néerlandophone à Bruxelles ?

Van Parijs: Bien sûr, et ce, indépendamment du nombre de véritables Flamands à Bruxelles. Je trouve par ailleurs que ce serait une bonne idée que toutes les écoles primaires à Bruxelles soient mises sous la tutelle de la communauté flamande. Comment font-ils au Luxembourg et à Barcelone, qui sont aussi des endroits officiellement bilingues ? À la fin de leur humanité, les élèves sont, contrairement aux Bruxellois, réellement bilingues. Eh bien, on commence par apprendre aux élèves la langue minoritaire. À Barcelone, l’enseignement se donne uniquement en Catalan, et ce, même aux nombreux hispanophones qui y vivent. C’est pourquoi je préconise que les élèves bruxellois apprennent au minimum à lire et à écrire en néerlandais. D’un point de vue légal, c’est possible.

LeVif.be

NB: Extrait d’une interview parue dans le Knack de cette semaine

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